Une étude parue le 19 octobre 2018 dans la revue Frontiers in Aging Neuroscience montre que le virus de l’herpès (HSV1) et la maladie d’Alzheimer semblent avoir un lien. En effet, cette recherche récapitule toutes les études précédentes menées sur le sujet. Toutefois, on ne pas parler clairement de causalités entre les deux. Cette étude est relayée par Science Daily.
Un lien déjà évoqué dans des études précédentes
En 1997 déjà, le virus de l’herpès était présent dans 60% des cas de maladie d’Alzheimer. Cette même année, on observe aussi qu’il y a un risque accru d’Alzheimer lorsque le virus est présent dans le cerveau, et que la personne infectée possède le gène APO4. De plus, ce type d’infection entraîne une augmentation des protéines bêta-amyloïdes et de protéines tau anormaux. Ces accumulations dans le cerveau sont une des caractéristiques de la maladie d’Alzheimer.
En 2010, une étude expliquait qu’à l’âge de 70 ans, la majorité de la population était atteinte de ce virus. On estime qu’il nous infecte dans notre jeunesse et reste dans un état latent, presque endormi. Ainsi, il guette les signes de défaillance de notre système immunitaire qui arrivent durant la vieillesse. Il va donc s’activer, se répliquer et provoquer de nombreuses infections. Dans de nombreux cas, les personnes se retrouvent atteintes de la maladie d’Alzheimer.
Ruth Itzhaki, qui étudie depuis plus de 25 ans la maladie d’Alzheimer et le virus de l’herpès s’explique : «Le HSV1 pourrait représenter 50% ou plus des cas de maladie d’Alzheimer». Elle ajoute que les chercheurs pensent que «chez les porteurs d’APOE-ε4, la réactivation est plus fréquente ou plus dommageable dans les cellules cérébrales infectées par le HSV1, ce qui entraîne l’accumulation de dommages conduisant au développement de la maladie d’Alzheimer».
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Comment confirmer la théorie sur la maladie d’Alzheimer ?
Pour confirmer cette hypothèse, il faudrait que des études soient faites sur un plus grand nombre de personnes, et sur une durée plus longue. C’est ce que fait l’épidémiologie. Peu de pays collectent de telles informations sur leurs habitants. Mais les chercheurs de Taïwan font cela. Ainsi, ils collectent un grand nombre de données sur près de 99,9% de la population. Ils ont étudié la démence sénile qui est majoritairement provoquée par la maladie d’Alzheimer. Itzhaki explique ce qu’il en résulte : «Les résultats sont frappants, et incluent des preuves que le risque de démence sénile est beaucoup plus grand chez les personnes infectées par le HSV, et que le traitement antiviral anti-herpès provoque une diminution spectaculaire du nombre de sujets sévèrement atteints par le HSV1 qui développent par la suite une démence».
Pour expliquer ce résultat, elle ajoute que «l’ADN viral se trouve très spécifiquement dans les plaques des tissus cérébraux post mortem des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les principales protéines des plaques et des enchevêtrements s’accumulent également dans les cultures de cellules infectées par HSV1 – et les médicaments antiviraux peuvent empêcher cela».
Toutefois, Itzhaki indique qu’il faut encore rester prudent, car les résultats de ces études taïwanaises ne s’intéressent qu’aux infections graves de l’herpès. Il faudrait à l’avenir étudier aussi toutes infections mineures de ce virus.
Des travaux supplémentaires seront nécessaires pour pouvoir dire qu’il y a un lien de causalité. Mais, l’utilisation d’antiviraux anti-herpès pourrait être un moyen de traiter, voire de réduire le nombre de cas de la maladie d’Alzheimer.
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