Une équipe de psychologues met en garde face au nombre visiblement croissant d’enfants traités pour « éco-anxiété ». Ils invitent les parents à ne pas prendre ce trouble à la légère, et à trouver les mots justes pour tenter de les rassurer.
Nous n’avons jamais eu d’équivalent depuis l’An 0 : les cinq dernières années ont été les plus chaudes depuis l’ère pré-industrielle, les glaciers sont en train de fondre et le niveau de la mer grimpe. Ce ne sont ici que des exemples, mais le message global est assez clair : les nouvelles du climat ne sont pas bonnes. Et les enfants y sont sensibles, au point d’en souffrir. Caroline Hickman, de la Climate Psychology Alliance et de l’Université de Bath, est en effet récemment intervenue dans le Telegraph, témoignant d’un nombre croissant d’enfants et de jeunes adultes traités en milieu clinique dans le but de réduire le stress émotionnel causé par ce qu’on appelle aujourd’hui « l’anxiété écologique ».
Fatigue et désespoir
Dépression, angoisse, burn-out, certains affichent en effet désormais leurs peurs face aux changements environnementaux. Et sur la potentielle auto-destruction de l’espèce humaine. « Beaucoup de parents entrent en thérapie pour demander de l’aide avec leurs enfants, et la situation s’est beaucoup aggravée cet été », a expliqué la psychologue, qui fait ici référence aux différents épisodes caniculaires essuyés aux mois de juillet et août. Cette anxiété ne doit pas être classée dans la catégorie des « maladies mentales » dit-elle, car il s’agit en réalité ici d’une peur « rationnelle », contrairement aux autres problèmes d’anxiété courants. En revanche, elle ne doit pas être prise à la légère.
« Tous les problèmes liés au changement climatique – pauvreté, inégalités, perte d’endroits précieux, extinction d’espèces, menaces de notre bien-être ou de nos moyens de subsistance – peuvent nous ancrer émotionnellement et intellectuellement, explique la chercheuse. Ces problèmes suscitent curiosité et perspicacité, mais aussi fatigue et désespoir ». Elle invite ainsi les cliniciens à aider les concernés en identifiant les points sensibles qui « activent leurs vulnérabilités ou leurs inquiétudes personnelles ». Pour ensuite leur proposer un plan visant à leur (re) donner un sentiment de contrôle.
Le rôle des parents
Le phénomène doit également être pris en compte par les parents, dit-elle. Ces derniers devraient discuter avec leurs enfants du réchauffement planétaire et de ses conséquences, mais en prenant bien soin de ne pas être trop alarmistes. De ne pas considérer le combat comme « perdu d’avance », en quelque sorte. « Les parents doivent trouver des mots qui conviennent à leur âge et qui ne soient pas terrifiants, dit-elle. Vous devez séparer le fait de l’inconnu : dites-leur que certaines espèces sont effectivement en train de disparaître et que des êtres humains sont blessés, mais ne dites pas que nous allons tous mourir. Car ce n’est pas vrai ».
Elle propose concrètement un plan en trois étapes, dans le but de se familiariser avec le problème. D’abord discuter de leurs sentiments, puis reconnaître que le résultat est incertain. Et enfin élaborer, ensemble, sur un plan concret pour tenter de faire une différence. Ainsi l’enfant se sentira plus rassuré, plus investi, et donc forcément plus confiant.
Articles liés :