De nouvelles preuves que les cyclones tropicaux touchent terre de plus en plus au nord

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Crédits : NASA Goddard.

Une nouvelle recherche basée sur l’analyse de cernes d’arbres vient confirmer le fait que les perturbations tropicales touchent terre de plus en plus près du pôle. L’étude s’est concentrée sur le bassin du Pacifique nord-ouest – le plus actif de la planète -, là où l’on a récemment observé la remontée vers le nord la plus importante. L’étude révèle que celle-ci n’est pas cantonnée aux dernières décennies – période où l’on dispose de mesures directes et de haute qualité – mais a démarré aux alentours des années 1920. Cette tendance se situe a priori en dehors de la gamme de variabilité naturelle de long terme, et traduit probablement l’influence du changement climatique.

Lorsqu’ils touchent des terres peuplées, les cyclones tropicaux conduisent presque systématiquement à des impacts sociétaux et économiques majeurs. Si de nombreuses études se sont intéressées à l’évolution de l’intensité et/ou de la fréquence de ces phénomènes sur les dernières décennies, la façon dont leur zone d’influence a varié l’a été beaucoup moins. Les observations récentes indiquent pourtant un élargissement vers les pôles de la zone sous l’influence des cyclones tropicaux. Elles sont cohérentes avec l’expansion méridienne de la zone tropicale déjà évoquée dans un article précédent. Les recherches concernant la variabilité à long terme de ces phénomènes restent également limitées, ce qui restreint notre compréhension et notre capacité à anticiper les changements futurs.

Une étude internationale récemment publiée dans la revue PNAS (Proceedings of the National Academy of Sciences) s’est penchée sur l’évolution des zones frappées par ces perturbations destructrices. Elle se concentre sur l’Asie du Nord-est, une région sous l’influence du bassin océanique le plus actif de la planète : le Pacifique nord-ouest. Pour ce dernier, les projections climatiques indiquent à la fois une hausse de l’intensité et de la fréquence des cyclones dans un climat plus chaud. C’est également dans cette zone géographique qu’a été observée l’expansion vers le pôle la plus importante. Toutefois, étant donné que les observations directes et fiables ne couvrent qu’une période de quelques décennies, il restait à savoir si cette dernière était cohérente avec la gamme de la variabilité naturelle de long terme – par exemple liée aux fluctuations d’El Niño – ou si elle faisait partie intégrante d’un processus plus profond.

Afin de se placer dans une perspective plus large, les chercheurs ont évalué la variabilité de long terme des cyclones tropicaux sur une période couvrant tout le XXe siècle. Pour ce faire, ils ont utilisé des indicateurs indirects – dans le cas présent, des cernes d’arbres. En effet, lorsqu’une perturbation tropicale touche terre, elle laisse des traces caractéristiques dans les cernes des arbres qui ont survécu à son passage. Les échantillons ont été prélevés sur une cinquantaine d’espèces, provenant d’anciennes forêts situées entre la Corée du Sud et la partie orientale de la Russie. Les résultats révèlent que les dommages enregistrés par la végétation ont subi un décalage vers le nord dès les années 1920. Celui-ci s’est rapidement accentué tout au long du XXe siècle jusqu’à aujourd’hui, malgré la présence d’irrégularités. La tendance observée dans les enregistrements récents sort ainsi de la gamme de variabilité naturelle connue, et traduit probablement l’effet d’une évolution plus profonde. Il reste toutefois à évaluer précisément la part attribuable au changement climatique.

Ces résultats ont de fortes implications pour les régions situées en marge des zones soumises au risque cyclonique, car elles ne sont pas (ou mal) préparées à faire face à ce risque croissant. C’est notamment le cas à cause du peu d’expérience et des plans de préparations très rudimentaires ou même parfois absents. « Des menaces croissantes dans ces zones sont à prévoir à l’avenir, et les autorités locales ainsi que les forestiers devraient développer des plans d’atténuation et de préparation afin de réduire les dommages subséquents », précise le papier. De futures recherches seront nécessaires pour évaluer les évolutions passées dans les autres régions cycloniques de la planète. Cela permettra de construire progressivement une image globale et plus cohérente. « Nous soulignons l’importance de réaliser des études similaires pour d’autres régions du monde touchées par des phénomènes tropicaux afin d’identifier toute variabilité à long terme dans les zones terrestres frappées par ces derniers », conclut l’étude parue le 22 octobre dernier.

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