De nouvelles fourmis capables de se faire « exploser » face à l’ennemi découvertes à Bornéo

Crédits : Laciny A, Zettel H, Kopchinskiy A, Pretzer C, Pal A, Salim KA, Rahimi MJ, Hoenigsberger M, Lim L, Jaitrong W, Druzhinina IS (2018) / ZooKeys

Lorsqu’elles sont confrontées à un ennemi, les « fourmis explosives » du Sud-Est font exactement ce que leur nom indique : elles explosent. Ignorés depuis des décennies, des chercheurs ont récemment découvert plus d’une douzaine d’espèces qui entrent dans ce groupe, y compris une espèce complètement nouvelle.

Les fourmis sont capables de comportements prosociaux étonnants, comme la création de ponts et de radeaux de sauvetage, le ramassage des blessés sur le champ de bataille lors d’attaques menées contre les termites, et même l’administration de soins médicaux. Mais en termes d’abnégation, les « fourmis explosives » des arbres d’Asie du Sud-Est sont au-dessus, prêtes à sacrifier leur vie pour protéger leur colonie. Confrontée à une menace, une fourmi peut alors délibérément rompre sa paroi abdominale. La mesure désespérée libère alors une substance collante et toxique capable de tuer l’adversaire au corps à corps.

Les scientifiques appellent cela « l’autolyse », un comportement suicidaire également documenté chez certains termites. C’est le lot des super-colonies. Contrairement aux individus de la plupart des espèces, qui cherchent à préserver et à proliférer leurs gènes, les fourmis et les termites travaillent pour le compte de toute la colonie; la perte d’un individu est secondaire aux besoins du collectif. Notons que chez les fourmis, seules les ouvrières les plus petites, les minors, celles s’occupent des tâches domestiques intérieures au nid, s’explosent.

Les scientifiques connaissent les fourmis explosives depuis plus de cent ans. Plusieurs espèces ont été documentées pendant la première moitié du 20e siècle; un nouveau groupe d’espèces appelé Colobopsis cylindrica a d’ailleurs été créé pour les décrire. Curieusement cependant, aucune nouvelle espèce n’a été identifiée après 1935. Une récente expédition à Bornéo, en Thaïlande et en Malaisie menée par une équipe de recherche interdisciplinaire du Muséum d’histoire naturelle de Vienne, de l’Université technique de Vienne et d’autres institutions contributrices, tend aujourd’hui à changer la donne.

Les résultats de leur enquête, publiés dans la revue ZooKeys identifient 15 espèces distinctes de fourmis explosives, dont une totalement nouvelle pour la science, baptisée Colobopsis explodens, et particulièrement sujette à l’abnégation lorsqu’elle est menacée (certaines se sont même fait exploser lorsque les chercheurs se sont approchés trop près).

Au cours de la même expédition, les chercheurs ont également observé un accouplement de fourmis en plein vol; ils ont par ailleurs étudié leurs habitudes alimentaires; pour information, ces insectes aiment grignoter des algues, de la mousse, des champignons, des insectes morts, des fruits et du poisson.

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