De nouveaux travaux lèvent le voile sur l’origine des méga-sécheresses de l’époque médiévale

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Image d'illustration tirée d'une simulation climatique pour la fin du 21e siècle concernant l'humidité des sols. Crédits : https://earthobservatory.nasa.gov.

Récemment, des chercheurs ont établi la première théorie complète sur l’origine des méga-sécheresses ouest-américaines de l’époque médiévale. En outre, ils préviennent que de tels épisodes seront plus probables à l’avenir avec le réchauffement climatique. Les résultats ont été rendus publics le 24 juillet dernier. 

Entre l’an 900 et 1600, l’ouest de l’Amérique du Nord était affecté de façon récurrente par des sécheresses intenses et surtout durables. Ce sont les fameuses méga-sécheresses de l’époque médiévale. Elles concrétisent une aridification du climat régional dont on sait qu’elle a eu de profondes répercussions sur les populations locales, la faune et la flore. C’est tout particulièrement le sud-ouest du territoire qui fût concerné.

Sur les enregistrements paléoclimatiques, on peut dénombrer une dizaine d’épisodes anormalement secs. Leur durée s’étalant sur plusieurs décennies. Ils cesseront de se produire à partir du 17e siècle alors que les conditions climatiques redeviennent plus humides. Les arguments avancés jusqu’ici pour expliquer cette anomalie sèche multiséculaire restaient notoirement incomplets.

La première théorie complète des méga-sécheresses médiévales

Une étude majeure publiée dans la revue Science Advances apporte pour la première fois une explication satisfaisante au phénomène. Pour arriver à cette théorie jugée complète par les auteurs, il a fallu effectuer une analyse multifactorielle. En effet, l’étude d’influences individuelles ne s’est pas révélée féconde.

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Reconstruction de l’an 800 à 2000 des températures de l’océan pacifique équatorial (vert), de l’Atlantique nord (bleu) et du forçage radiatif global (rouge). Par ailleurs, les épisodes de méga-sécheresse sont marqués par les bandes en orange. Crédits : Nathan J. Steiger & al. 2019.

Le paramètre le plus influent s’avère être la température de surface de la mer au niveau du Pacifique équatorial. Lorsque les conditions sont de type La Niñai. e. des eaux anormalement froides près de l’équateur – l’Ouest américain est soumis à un régime anticyclonique. Et donc à un temps sec. La liaison entre les deux se faisant par l’intermédiaire de la convection tropicale. Or, entre 900 et 1600, les phases La Niña étaient plus fréquentes et plus prononcées en comparaison des siècles qui ont précédé ou suivi. Ainsi, l’Ouest américain s’est asséché.

En fait, cette hypothèse n’est pas nouvelle en soi. Mais elle est précisée et s’associe à deux autres influences. Un océan nord-atlantique anormalement chaud qui a contribué à réduire les précipitations sur l’Ouest américain et un forçage radiatif positif. Ce dernier indique que le système climatique absorbait alors plus d’énergie qu’il n’en émettait. Plus précisément, le soleil était plus actif et l’activité volcanique affaiblie durant la période médiévale. Aussi, la température moyenne mondiale a légèrement augmenté. L’excès d’énergie a contribué à l’aridification régionale suite à l’augmentation de l’évaporation.

Vers le retour des méga-sécheresses dans un avenir proche ? 

Ces différentes influences rendent compte de nombreuses caractéristiques des méga-sécheresses médiévales. De fait, une question se pose naturellement. Le changement climatique en cours risque-t-il de faire réapparaître de telles anomalies ? La réponse est assurément oui. En effet, les rejets anthropiques de gaz à effet de serre induisent un forçage positif analogue à celui décrit précédemment. Dans le même temps, l’Atlantique nord se réchauffe rapidement.

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Paysage asséché. La faune et la flore en subissent les conséquences directes et indirectes. Crédits : Max Pixel.

Néanmoins, la capacité à prévoir le comportement futur de l’oscillation australe – dont La Niña est l’une des phases – est médiocre. Or, on a vu qu’il s’agissait d’un facteur important dans le déclenchement de ces épisodes secs. Il est donc difficile d’être plus précis à ce sujet. « Puisque vous augmentez l’aridité de base, si à l’avenir vous avez une forte Niña ou plusieurs d’affilée, cela pourra conduire à des méga-sécheresses dans l’Ouest américain », précise Nathan Steiger, auteur principal de l’étude.

En conclusion, ce secteur géographique fait face à un risque grandissant de méga-sécheresse. Une situation qui se ressent déjà au vu des déficits hydriques récurrents qui touchent le sud-ouest américain depuis plusieurs années. Il ne fait aucun doute que l’aggravation de la situation aurait des conséquences dramatiques. Notons enfin que le bassin méditerranéen est soumis à un risque similaire.

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