De nouveaux indices sur la manière dont nos ancêtres ont appris à marcher

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Crédits : Christoph Jäckle

La découverte de fossiles d’une espèce de singe jusqu’alors inconnue nous donne des indices sur la manière dont nos ancêtres ont commencé à évoluer debout.

Il y a encore débat sur le moment et la manière dont nos ancêtres ont commencé à marcher debout. Cette caractéristique essentielle nous a-t-elle été transmise par un singe semblable à l’orang-outan, qui vivait dans les arbres ? Ou par un ancêtre qui passait la plupart du temps sur le sol, semblable à un gorille ?

Jusqu’à présent, nous étions à peu près sûrs de deux choses. Que la première expérience de bipédie avait eu lieu il y a environ six millions d’années. Et qu’elle s’était produite en Afrique. Mais la découverte de plusieurs fossiles en Allemagne vient chambouler notre histoire.

Un nouvel ancêtre

Dans la revue Nature, une équipe de chercheurs détaille en effet leurs analyses de fossiles d’une espèce inconnue découverts en Bavière entre 2015 et 2018. Ces restes appartiennent à quatre individus. Un mâle, dont le squelette ressemble à celui des bonobos modernes, qui mesurait un mètre de haut et pesait environ 31 kg. Deux femelles, qui pesaient environ 18 kg. Et un spécimen juvénile qui pesait moins de 10 kilos.

Grâce à la préservation des os des membres, d’une vertèbre, ainsi que de quelques doigts et orteils, les chercheurs ont été en mesure de reconstituer les mouvements de ces singes anciens.

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Les quelques ossements retrouvés appartenant à l’espèce Danuvius guggenmosi. Crédits : Christoph Jäckle

Debout il y a 11,5 millions d’années

Selon les premiers éléments cette nouvelle espèce de singe, baptisée Danuvius guggenmosi, évoluait il y a environ 11,5 millions d’années. Nous savons qu’elle a été capable de se suspendre aux branches d’arbres avec ses bras, mais également, de manière surprenante, d’évoluer sur ses deux pattes postérieures.

« Avec un large thorax, une longue colonne lombaire, des hanches et des genoux étendus, comme chez les bipèdes, et des membres antérieurs allongés et complètement étendus, comme chez tous les singes, Danuvius combine les adaptations des bipèdes avec celles des singes suspendus aux branches », confirme Madelaine Boehme, de l’Université de Tübingen et principale auteure de l’étude.

Autrement dit, Danuvius guggenmosi était visiblement capable de marcher sur ses pattes postérieures dans les arbres avant d’atteindre le sol, et non après. Et cette faculté se serait développée il y a au moins 11,5 millions d’années, non pas en Afrique, mais en Europe.

Encore des doutes

Notons que tout le monde n’est pas convaincu par cette étude. Certains chercheurs font en effet valoir que la partie inférieure de la colonne vertébrale analysée ici n’est pas suffisamment bien préservée pour comprendre si le bas du dos était réellement long et flexible. Autrement dit, si elle permettait la bipédie.

Le débat n’est donc pas définitivement clos. Nous allons devoir fouiller, encore et encore. Déterminer la manière dont nos ancêtres se sont mis debout pour la première fois reste en effet primordial, tant cette capacité a façonné le destin de notre lignée.

Grâce à la bipédie, nos ancêtres ont en effet été en mesure de se déplacer plus rapidement tout en économisant un maximum d’énergie. Ils paraissaient également plus grands, et donc plus imposants au regard des prédateurs. Sans oublier la recherche de nourriture, facilitée par la libération des deux membres antérieurs.

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