De nombreux Américains s’empoisonnent en voulant tuer le coronavirus

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Crédits : mohamed_hassan/Pixabay

De nombreux Américains semblent s’empoisonner par inadvertance avec des produits désinfectants alors qu’ils tentent de se protéger contre le nouveau coronavirus.

Le 19 janvier 2020, l’État de Washington a signalé le premier cas de Covid-19 confirmé aux États-Unis, causé par le coronavirus SARS-CoV-2. Au 23 avril, un total de 840 000 cas et 46 500 décès associés avaient été signalés au CDC dans les 50 États, le District de Columbia et quatre territoires américain. Les États-Unis, aujourd’hui plus que jamais, sont l’épicentre de la pandémie.

Pour lutter contre la propagation de la maladie, il est recommandé de mettre en place des gestes « barrière ». Notamment de se laver souvent les mains en utilisant du savon et ‎de l’eau, ou une solution hydroalcoolique. Mais le sentiment de panique, qui peut s’expliquer facilement en réponse à ce type de maladie, pourrait amener de nombreuses personnes à non pas ignorer ces recommandations sanitaires, mais à en abuser. Au point de mettre leur vie en danger.

Multiplication des appels dans les centres antipoison

Depuis le début du mois de mars en effet – alors que le coronavirus commençait véritablement à faire rage aux États-Unis – les centres antipoison du pays ont enregistré une très forte augmentation du nombre d’appels, selon une nouvelle étude menée par des chercheurs des Centers for Disease Control and Prevention.

Bien que les chercheurs ne puissent pas directement relier la tendance à la propagation de la pandémie, les expositions signalées semblaient tout de même augmenter à mesure que s’intensifiait la couverture médiatique sur la maladie, rapportant parfois des pénuries de produits de nettoyage et de désinfectants dans les supermarchés.

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont comparé les appels passés à 55 centres antipoison aux États-Unis entre janvier et mars 2020, 2019 et 2018. Il est ressorti que, cette année, les appels concernant les expositions aux produits désinfectants ont bondi de 20% et 16% au cours des mêmes périodes de trois mois en 2019 et 2018, respectivement.

La grande majorité de ces appels, peut-on lire dans l’étude, concernaient une utilisation abusive d’eau de Javel et de gels antibactériens. Les chercheurs soulignent également que, si globalement tous les groupes d’âge semblaient concernés par ces empoisonnements, les jeunes enfants (âgés de 1 à 5 ans) avaient tendance à être les plus exposés.

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Le coronavirus SARS-CoV-2 vu au microscope. Crédits : NIAID-RML

Deux cas pour illustrer la tendance

Les chercheurs ont présenté deux cas de figure pour mettre en évidence les types d’appels actuellement gérés par les centres antipoison.

Le premier impliquait une femme adulte qui avait vu un reportage à la télévision suggérant que les consommateurs devaient nettoyer les produits d’épicerie récemment achetés. La concernée a alors rempli son évier de cuisine avec un mélange d’eau de Javel à 10%, de vinaigre et d’eau chaude pour faire tremper ses produits, créant finalement du chlore gazeux toxique.

Alors qu’elle vaquait à ses occupations dans la cuisine, la femme a soudainement commencé à sentir une odeur de chlore et à développer des difficultés respiratoires. Après un appel au centre antipoison, elle a été emmenée d’urgence à l’hôpital, puis traitée avec de l’oxygène et des bronchodilatateurs (des médicaments qui luttent contre la contraction anormale des muscles). Elle a finalement pu rentrer chez elle quelques heures plus tard.

Le second rapport de cas impliquait cette fois une jeune fille (âge préscolaire) qui avait bu une quantité inconnue de désinfectant pour les mains dans une bouteille trouvée sur la table de la cuisine. Souffrant de vertiges, elle était alors tombée et s’était cognée la tête. La victime était inconsciente lorsque les secours sont arrivés, mais a repris connaissance une fois dans l’ambulance.

Une fois arrivés à l’hôpital, les médecins ont constaté que son taux d’alcoolémie était 3,5 fois supérieur à la limite légale. La jeune fille a donc été admise à l’unité de soins intensifs pédiatriques, et a finalement quitté l’établissement 48 heures plus tard.

Conseils d’utilisation

Les chercheurs, compte tenu de cette multiplication des rapports d’empoisonnement signalés, ont tenu à rappeler les précautions d’utilisation des produits d’entretien.

Il est nécessaire de toujours lire et suivre les instructions sur les étiquettes. D’utiliser uniquement de l’eau à température ambiante pour la dilution (sauf indication contraire sur l’étiquette). D’éviter de mélanger les produits chimiques et de porter une protection oculaire et cutanée durant la manipulation. Enfin assurez-vous de ventiler suffisamment la pièce concernée. Et bien évidemment de stocker les produits chimiques hors de la portée des enfants.

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