Les scientifiques ont longtemps cru que Mars était humide il y a entre trois et quatre milliards d’années, pendant la période hespérienne. Les nouvelles données recueillies sur place par la mission chinoise nous racontent pourtant une autre histoire. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Science Advances.
Il y a plusieurs milliards d’années, Mars n’était pas la planète sèche et froide que l’on connaît aujourd’hui. De l’eau liquide façonnait autrefois le paysage çà et là, abritée par une belle atmosphère. Jusqu’à présent, nous pensions que la planète s’était asséchée il y a environ trois milliards d’années. Cependant, de plus en plus de preuves laissent à penser que cette eau liquide pourrait avoir persisté bien plus longtemps.
En 2022, une analyse des grands gisements de sel sur Mars suggérait en effet que des étangs d’eau liquide existaient encore sur la planète rouge il y a 2,3 milliards d’années, soit près d’un milliard d’années de plus qu’on ne le croyait auparavant. Des données recueillies par la mission chinoise Tianwen-1 retardent une fois de plus cette échéance.
De l’eau liquide il y a 700 millions d’années
Ces résultats sont basés sur les données du rover Zhurong, qui évolue sur Mars depuis environ un an, recueillies par ses instruments au cours de ses 92 premiers jours martiens. Selon l’équipe, ses instruments auraient analysé des minéraux qui soutenaient la présence d’une quantité substantielle d’eau liquide il y a environ 700 millions d’années.
Autrement dit, les chercheurs ont relevé des preuves trahissant la présence d’eau liquide enfermée dans la roche dans un passé relativement récent, du moins par rapport à ce qui avait été précédemment envisagé dans d’autres études scientifiques. Jusqu’à présent, nous pensions en effet que la période amazonienne (l’actuelle période géologique martienne) avait toujours été froide et sèche.
Rappelons que le rover évolue du côté d’Utopia Planitia, une vaste étendue formée suite à l’impact d’un objet il y a plusieurs milliards d’années. Les chercheurs chinois ont jeté leur dévolu sur ce site, car la surface du bassin est principalement recouverte de matière volcanique qui aurait pu être modifiée par des processus récents, tels que le gel et le dégel répétés de la glace. Cette étude semble ainsi conforter leur choix. La prochaine étape sera de connaître l’étendue de ces « jeunes » minéraux aquifères. Sont-ils communs ou non ?
Cette découverte soulève également de nouvelles questions sur la vie martienne. Nous savions déjà que cette vie, si tant est qu’elle soit apparue, aurait eu le temps de se développer sous forme microbienne il y a entre trois et quatre milliards d’années. S’il s’avère que la présence d’eau liquide a persisté plus longtemps qu’on ne le pensait, alors celle-ci aurait possiblement eu le temps de se complexifier.