De quelle forme d’altruisme faites-vous preuve ?

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Les chercheurs en psychologie ont identifié deux formes de générosité : la générosité par empathie et celle par réciprocité. La vraie question se situe dès lors au niveau cérébral : comment savoir si quelqu’un est intéressé ou non lorsqu’il se montre généreux ? Comment savoir s’il donne par compassion ou par gratitude ?

La générosité par empathie se dévoile lorsque l’on fait preuve d’altruisme envers les personnes dans le besoin sans rien attendre en retour, mais simplement par compassion. La générosité par réciprocité consiste à faire du bien à quelqu’un qui nous a rendu un service. On se sent alors redevables.

Le psychologue et neuroscientifique Ernst Fehr de l’Université de Zurich a montré qu’un don motivé par un vrai altruisme de compassion peut être parfaitement distingué, sur la base d’images cérébrales, du même don motivé par la réciprocité. L’étude consistait à placer des personnes dans des situations faisant appel aux deux formes d’altruisme citées. Dans la première situation, chaque participant regardait son partenaire qui recevait des chocs électriques, ce qui entraînait une réaction d’empathie vis-à-vis de ce dernier. Il pouvait ensuite donner de l’argent pour préserver la victime de ces chocs. Ici, il s’agissait de donner par pure empathie pour autrui. Dans la seconde situation, chaque participant se trouvait d’abord lui-même dans le rôle de la victime. Son partenaire pouvait alors payer pour lui éviter de recevoir des décharges. Lorsque la séance prenait fin, le cobaye pouvait alors donner la somme de son choix à son sauveur. Dans cette deuxième partie, l’on comprend bien qu’il s’agit d’un test de l’altruisme par réciprocité.

Dans le cerveau des participants, ce sont toujours les trois mêmes zones cérébrales qui sont sollicitées : le cortex cingulaire antérieur, l’insula intérieure et le striatum ventral. Mais elles ne le sont pas dans le même ordre. Pour l’altruisme par empathie, le cortex cingulaire antérieur active l’insula qui bloque le striatum ventral, alors que dans l’altruisme réciproque le cortex cingulaire antérieur est aussi activé en retour par l’insula, et l’insula active le striatum. Ainsi, simplement en observant le cerveau, les scientifiques peuvent deviner de quel type d’altruisme vous faîtes preuve. L’activité cérébrale pour un don « spontané », elle, ressemble à celle d’un don empathique, en moins puissante.

Ces expériences mettent au jour une découverte intéressante : les personnes peu généreuses par nature peuvent s’améliorer lorsqu’elles éprouvent de l’empathie. Cependant, les altruistes spontanés ne peuvent pas solliciter davantage leur compassion, car leur système empathique est déjà activé, mais elles pourront cultiver des situations de réciprocité. Ce constat ne servira sans doute pas à établir un système de surveillance de nos motivations altruistes, mais il invite chacun à mieux réfléchir à la connotation qu’il donne lorsqu’il fait un don et aux possibilités qu’il a de changer et d’évoluer dans sa générosité.

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