Le diagnostic des tumeurs cérébrales est souvent une course contre la montre. Aujourd’hui, les patients doivent patienter parfois plusieurs semaines après une intervention chirurgicale avant d’obtenir des résultats précis sur la nature de leur tumeur. Ces résultats sont essentiels pour orienter les traitements ultérieurs, comme la chimiothérapie ou la radiothérapie. Mais une percée scientifique majeure promet de bouleverser ce délai, grâce à une technique de séquençage de l’ADN révolutionnaire qui délivre un diagnostic en quelques heures, parfois même avant la fin de l’opération.
Le diagnostic actuel : un parcours long et stressant
Dans la pratique courante, après qu’un neurochirurgien ait retiré une tumeur cérébrale, les analyses génétiques indispensables à sa classification prennent souvent jusqu’à huit semaines. Ce délai peut s’avérer extrêmement anxiogène pour les patients, mais aussi pénalisant du point de vue médical : plus le diagnostic est tardif, plus la mise en place d’un traitement adapté est retardée.
Or, chaque minute compte dans le traitement des tumeurs cérébrales, où les cellules cancéreuses peuvent évoluer rapidement. De plus, la précision du diagnostic est cruciale pour choisir la meilleure stratégie thérapeutique.
Le séquençage par nanopores : une avancée spectaculaire
Des chercheurs de l’Université de Nottingham ont mis au point une méthode innovante qui permet de réduire ce délai de plusieurs semaines à seulement deux heures. Cette méthode repose sur une technologie appelée séquençage par nanopores.
Comment cela fonctionne-t-il ? Le principe est simple, mais ingénieux. L’ADN extrait de la tumeur est fait passer à travers d’infimes trous microscopiques, ou « nanopores ». À mesure que chaque brin d’ADN traverse ces pores, la machine lit la séquence des bases nucléotidiques, décryptant ainsi la composition génétique de la tumeur en temps réel.
Un logiciel spécial compare ensuite ce profil à une bibliothèque de tumeurs cérébrales connues, permettant d’identifier rapidement et précisément le type de tumeur.
Des résultats bluffants et rapides
Pour valider cette technologie, l’équipe dirigée par le professeur Matthew Loose a testé la méthode sur 30 échantillons tumoraux conservés, puis sur 50 échantillons fraîchement prélevés lors d’opérations chirurgicales.
Les résultats sont prometteurs : en 24 heures, le système a réussi à classifier correctement 80 % des échantillons conservés et 90 % des échantillons frais, des performances comparables aux méthodes traditionnelles. Mais surtout, la rapidité est impressionnante.
Sur les 50 échantillons frais, plus des trois quarts ont été identifiés avec certitude en à peine une heure. Cela signifie que, dans de nombreux cas, le diagnostic génétique complet peut être disponible en seulement deux heures après l’ablation de la tumeur.

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Illustration d’une tumeur à l’intérieur du cerveau. Crédits : Mohammed Haneefa Nizamudeen/istockUn impact potentiellement révolutionnaire pour les patients
Cette avancée ne change pas seulement la vitesse du diagnostic, elle ouvre aussi la voie à des prises de décision médicales beaucoup plus réactives.
En effet, avec des résultats accessibles quasi instantanément, les équipes chirurgicales pourraient adapter leur intervention en temps réel. Par exemple, elles pourraient décider d’être plus agressives dans le retrait de la tumeur si elles savent précisément de quel type de cancer il s’agit, ou au contraire éviter des risques inutiles si la tumeur est jugée moins menaçante.
De plus, la rapidité du diagnostic pourrait permettre d’envisager l’administration de traitements ciblés directement pendant l’opération, une perspective totalement nouvelle qui pourrait améliorer considérablement les chances de guérison.
Un pas de plus vers la médecine personnalisée
Au-delà de l’opération, ce diagnostic ultra-rapide pourrait aussi accélérer l’accès des patients à des essais cliniques pour des traitements innovants, souvent conditionnés à la connaissance précise du type de tumeur.
Le coût du test, autour de 400 £, reste similaire aux méthodes actuelles, mais avec un avantage majeur : un test unique remplace plusieurs analyses, ce qui pourrait, à terme, réduire les coûts globaux pour le système de santé.
Une promesse pour l’avenir
La publication de cette étude dans la revue Neuro-Oncology marque une étape majeure dans la lutte contre les cancers cérébraux. Cette technologie, encore en cours d’optimisation, illustre à quel point la biotechnologie et l’intelligence artificielle peuvent transformer la médecine, rapprochant la promesse d’une prise en charge rapide, précise et personnalisée pour chaque patient.
Le temps où les malades devaient attendre des semaines pour un diagnostic pourrait bientôt appartenir au passé. Désormais, la bataille contre les tumeurs cérébrales se jouera aussi à la vitesse de la lecture de l’ADN.