Voici DarkNPS, une IA ayant imaginé de nombreuses drogues inédites

drogue
Crédits : scanrail / iStock

Habituellement, les fabricants de drogues de synthèse ont toujours une longueur d’avance sur les autorités et les chercheurs. Toutefois, une équipe de scientifiques tente d’inverser la tendance avec leur intelligence artificielle. Elle permet en effet d’imaginer de nouveaux produits de synthèse susceptibles de faire leur apparition dans la vie réelle.

Prendre de l’avance sur les fabricants

En février 2021, nous évoquions la xylazine, une nouvelle drogue de rue à l’origine du tiers des surdoses mortelles d’opioïdes dans la ville de Philadelphie (États-Unis). S’il s’agit ici d’un tranquillisant généralement utilisé en médecine vétérinaire, d’autres drogues sont créées en partant de rien telles que la Flakka ou encore les Bath Salts (sels de bain). Depuis toujours, les fabricants de drogue de synthèse ont constamment un coup d’avance sur les forces de l’ordre et les institutions dont le rôle est de déterminer les risques de ces drogues. Effectivement, la composition et les conséquences d’une nouvelle drogue ne peuvent être déterminées qu’après sa découverte.

En novembre 2021, des chercheurs de l’Université de l’Alberta (Canada) ont cependant publié leurs travaux dans la revue Nature Machine Intelligence. Or, la publication détaille une approche inédite à l’aide d’une intelligence artificielle prenant le nom de DarkNPS. Grâce à l’apprentissage profond, cette IA pourrait permettre d’inverser la tendance et de prendre l’ascendant sur les fabricants de drogue.

chercheurs microscope
Crédits : gorodenkoff / iStock

Une IA utile malgré des capacités limitées

DarkNPS intègre une base de données concernant pas moins de 1 700 drogues de synthèse déjà existantes. Cette IA assimile néanmoins constamment de nouvelles connaissances et imagine surtout des drogues inédites. Il s’agit ici de nouveaux produits de synthèse qui ont des chances de figurer un jour sur le marché. Autrement dit, il est question de compositions fictives que l’IA élabore avant même que les fabricants n’aient potentiellement l’idée de ces créer. À ce jour, DarkNPS a ainsi déjà imaginé près de neuf millions de nouvelles substances.

Habituellement, les experts utilisent la spectrométrie de masse afin de définir la composition d’une nouvelle drogue apparue sur le marché. Or, ces recherches nécessitent des semaines, voire des mois avant de donner des résultats concluants. Avec DarkNPS, lorsqu’une drogue arrive dans la rue, il est possible d’identifier sa composition en quelques minutes seulement. Le gain de temps est alors considérable. 189 drogues très récentes ont ainsi d’ores et déjà été intégrées à la base de données. Or, les chercheurs ont découvert que 93 % de ces produits faisaient partie des prévisions de l’IA.

Néanmoins, si les capacités de DarkNPS sont indéniables, elles restent limitées. En effet, l’IA ne peut fournir des informations concernant les effets psychologiques et/ou physiologiques des drogues imaginées. De plus, elle se base sur des drogues existantes pour élaborer des substances plus ou moins voisines. L’IA est donc dans l’incapacité d’imaginer des drogues complètement différentes. Enfin, les autorités ont réfléchi au risque de voir un jour un tel système arriver dans les mains des fabricants. La Drug Enforcement Administration (DEA) aux États-Unis ainsi que la police criminelle allemande ont donc sécurisé l’IA.