Dans l’Atlantique, les ouragans majeurs s’intensifient de plus en plus rapidement depuis 30 ans

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Les observations couvrant les 30 dernières années indiquent que les ouragans majeurs de l’Atlantique subissent une phase d’intensification de plus en plus rapide. Cette tendance concerne tout particulièrement le centre et l’est du bassin, qui englobent une grande partie de la zone de formation de ces systèmes.

Une étude parue le 3 mai dernier dans la revue Geophysical Research Letters s’est penchée sur l’analyse de la vitesse à laquelle les ouragans s’intensifient dans le bassin océanique de l’Atlantique, et sur son évolution au cours des 30 dernières années (période 1986-2015). Avant de présenter les résultats, il convient d’introduire et de définir ce qu’est un processus d’intensification rapide (RI pour Rapid Intensification en anglais). Il est défini par des vitesses de vent maximales dans l’ouragan s’accentuant d’au moins 46,3 km/h (25 nœuds) durant une période de 24 heures. Sans grande surprise, ce processus est identifiable dans quasiment tous les systèmes tropicaux majeurs.

En analysant cet indicateur, les chercheurs ont trouvé une évolution importante dans les régions situées au centre et à l’est de l’Atlantique tropical. En moyenne, les systèmes tropicaux les plus virulents ont subi une augmentation de leur taux d’intensification sur 24 heures équivalent à 7 km/h par décennie. Autrement dit, les événements cycloniques les plus vigoureux s’intensifient plus rapidement. Dans l’ouest du bassin, aucune tendance significative n’a été trouvée. Compte tenu du fait que le centre et l’est du bassin sont les zones principales de genèse des ouragans, ces résultats appellent à une hausse de la proportion des systèmes tropicaux les plus intenses.

On pourrait penser que la tendance des 30 dernières années est liée à l’effet du réchauffement global, mais étonnamment, les scientifiques ont identifié comme facteur principal une oscillation naturelle de la température des eaux océaniques de surface dans l’Atlantique. Elle porte le nom d’oscillation atlantique multidécennale – AMO pour l’acronyme anglais fréquemment utilisé. Cette variabilité naturelle des températures de surface de la mer alterne entre des phases plus froides et d’autres plus chaudes, avec une périodicité irrégulière de plusieurs décennies. Depuis les années 1990, nous sommes dans une phase chaude de cette oscillation. Elle s’accompagne d’une hausse importante du contenu en chaleur de l’océan supérieur, en particulier sur le centre et l’est du bassin : là où l’augmentation du taux d’intensification a été trouvée. De plus, elle s’associe à une diminution de la variation verticale du vent dans ces régions – on parle de cisaillement vertical. Ces deux modifications de grande envergure fournissent ainsi un environnement plus favorable au renforcement des perturbations tropicales.

L’étude indique toutefois que l’effet du réchauffement global d’origine anthropique – du fait de l’Homme – ne doit pas être exclu. D’autres études sont nécessaires pour bien séparer les effets associés à la variabilité naturelle de ceux liés au changement climatique. Suivant l’échelle de temps analysée, les déductions peuvent varier substantiellement. Les présents résultats ont d’importantes implications pour les îles tropicales, en particulier l’est de la région des Caraïbes qui se révèle très vulnérable, car située en plein sur la trajectoire des ouragans formés sur le centre et l’est du bassin.

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