Dans certaines rĂ©gions de l’Antarctique, la neige vire au vert

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Crédits : Sarah Vincent

Selon une étude, les algues vertes devraient tapisser davantage de terrain en Antarctique dans les années à venir, à mesure que les températures se réchauffent.

Des algues microscopiques ont tendance Ă  apparaĂ®tre sur la neige fondante le long de la cĂ´te ouest de la pĂ©ninsule pendant l’Ă©tĂ© austral, lorsque les tempĂ©ratures moyennes se placent au-dessus de zĂ©ro degrĂ© Celsius. Dans certaines rĂ©gions, ces concentrations de vie sont si denses que la neige vire au vert vif, s’observant mĂªme depuis l’espace. Parce que ces prolifĂ©rations d’algues agissent comme un puits de carbone, il est important de comprendre leur rĂ©ponse au changement climatique.

Près de 500 tonnes de CO2 absorbées chaque année

Dans cet esprit, des chercheurs du DĂ©partement des sciences vĂ©gĂ©tales de l’UniversitĂ© de Cambridge, au Royaume-Uni, ont rĂ©cemment utilisĂ© des donnĂ©es satellitaires (Sentinel 2, de l’ESA) et des observations au sol (Ă®le d’AdĂ©laĂ¯de et Ă®le King George) pour crĂ©er une carte Ă  grande Ă©chelle de ces prolifĂ©rations d’algues vertes en Antarctique. Les dĂ©tails de leurs travaux ont Ă©tĂ© publiĂ©s dans la revue Nature Communications.

Les chercheurs ont constatĂ© plusieurs choses. D’une part, que la distribution des algues vertes est fortement influencĂ©e par les oiseaux et les mammifères marins, dont les excrĂ©ments agissent comme un engrais naturel. Plus de 60% des algues ont notamment Ă©tĂ© trouvĂ©es Ă  moins de cinq kilomètres d’une colonie de manchots.

CĂ´tĂ© distribution, les chercheurs ont identifiĂ© 1679 prolifĂ©rations d’algues vertes distinctes qui couvraient une superficie de 1,9 km2. Ensemble, ces algues seraient capables d’absorber environ 479 tonnes de CO2 par an, peut-on lire dans un communiquĂ©. Ă€ titre de comparaison, cela compense les Ă©missions de CO2 Ă©mises par 875 000 trajets moyens en voiture Ă  essence.

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Crédits : Dr Matt Davey / Université de Cambridge

Une perte d’algues largement compensĂ©e

En s’appuyant sur des modèles climatiques, les chercheurs ont ensuite estimĂ© que, en raison de la hausse des tempĂ©ratures attendue au cours de ces prochaines dĂ©cennies, près des deux tiers des algues prolifĂ©rant sur les petites Ă®les basses pourraient disparaĂ®tre en raison de la perte de neige. En revanche, la propagation de ces algues vers des sols plus Ă©levĂ©s compensera considĂ©rablement la perte de ces petits Ă®lots.

« Il s’agit d’une avancĂ©e significative dans notre comprĂ©hension de la vie terrestre en Antarctique et de la façon dont elle pourrait changer dans les annĂ©es Ă  venir Ă  mesure que le climat se rĂ©chauffe, a dĂ©clarĂ© le Dr Matt Davey du DĂ©partement des sciences vĂ©gĂ©tales de l’UniversitĂ© de Cambridge. Les algues des neiges sont un Ă©lĂ©ment clĂ© de la capacitĂ© du continent Ă  capter le dioxyde de carbone de l’atmosphère grĂ¢ce Ă  la photosynthèse ».

Plus de mal que de bien ?

Toutefois, on ne sait pas exactement quels seront les effets Ă  long terme de toute cette « neige verte ». Certes, cette vie microscopique est en mesure d’absorber du CO2 de l’atmosphère, mais sur le plan mondial, cet impact reste très minime.

Au final, il est possible que ces algues vertes créent davantage de problèmes que de solutions. Des études sur les algues des neiges ont en effet déjà montré que ces concentrations de vie peuvent assombrir considérablement la neige qui, de ce fait, réfléchit moins la lumière solaire. Et ce qui n’est pas réfléchit est donc absorbé.  Autrement dit, le sol de l’Antarctique emmagasine plus de chaleur que d’habitude, ce qui, de manière plus globale, entraîne une fonte plus rapide des glaces, déjà très instables.

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