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Dans 5 ans, ce pays supplantera les États-Unis dans l’espace (et ça va tout changer)

Un rapport explosif vient de révéler l’ampleur stupéfiante de la progression chinoise dans la conquête spatiale. Pendant que les missions américaines accumulent les retards et que les budgets de la NASA subissent des coupes drastiques, la Chine déploie une stratégie spatiale d’une ambition inégalée qui pourrait redéfinir les équilibres géopolitiques mondiaux. Les experts sont formels : le basculement de puissance aura lieu dans la prochaine décennie, et il sera irréversible.

L’ascension fulgurante du dragon spatial

La Commercial Space Federation, organisation de référence de l’industrie spatiale américaine, vient de publier un document de 112 pages qui fait l’effet d’une bombe. Intitulé « Redshift », ce rapport détaille avec une précision chirurgicale la montée en puissance vertigineuse des capacités spatiales chinoises.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, la Chine a investi 2,86 milliards de dollars dans ses projets spatiaux commerciaux, soit dix-sept fois plus qu’en 2016. Cette explosion budgétaire s’accompagne d’une infrastructure impressionnante avec six rampes opérationnelles qui permettront de multiplier exponentiellement le rythme des lancements dans les années à venir.

Mais ce qui inquiète le plus les analystes américains, c’est la simultanéité des ambitions chinoises. Là où les États-Unis ont étalé leurs réalisations spatiales sur plusieurs décennies distinctes, la Chine accomplit aujourd’hui en parallèle ce qui correspond aux ères Apollo, de la Station spatiale internationale et du spatial commercial réunies.

La course lunaire déjà perdue ?

Le symbole le plus frappant de ce renversement concerne le retour sur la Lune. Alors que les missions Artemis de la NASA accumulent les reports – la prochaine mission habitée étant désormais prévue pour 2027 au mieux – la Chine maintient fermement son calendrier d’atterrissage d’astronautes dès 2030.

Cette différence de rythme ne relève pas du hasard. Pendant que SpaceX peine à résoudre les problèmes techniques de sa fusée Starship, la Chine franchit méthodiquement ses étapes intermédiaires : cartographie lunaire à résolution record, retour d’échantillons historiques, construction de lanceurs lourds propriétaires.

L’ambition chinoise ne s’arrête pas à un simple aller-retour symbolique. Pékin prévoit d’établir une base lunaire entièrement opérationnelle dès 2035, équipée d’un réacteur nucléaire autonome. Cette installation donnerait à la Chine un avantage décisif pour revendiquer l’exploitation des ressources lunaires et servirait de tremplin vers Mars.

Chine
Crédit : James Vaughn

L’hégémonie orbitale en vue

La domination chinoise se dessine également en orbite terrestre basse. La station spatiale Tiangong, récemment achevée, deviendra de facto la seule grande station spatiale gouvernementale active une fois que l’ISS sera décommissionnée à la fin de la décennie.

Cette position monopolistique s’accompagne d’une stratégie de déploiement de mégaconstellations satellitaires destinées à concurrencer directement Starlink de SpaceX. Parallèlement, la Chine développe des projets aussi audacieux qu’un parc solaire orbital et sa propre version du télescope spatial James Webb.

Ces initiatives s’inscrivent dans une approche géopolitique sophistiquée baptisée « Route de la soie spatiale ». Cette stratégie collaborative a déjà permis à Pékin d’établir plus de 80 partenariats internationaux, notamment avec la Russie, l’Inde et le Japon, affaiblissant mécaniquement l’influence américaine traditionnelle.

L’Amérique prise au dépourvu

Face à cette offensive chinoise, les États-Unis semblent avoir perdu l’initiative. Les récentes propositions de réduction budgétaire de près de moitié pour la NASA compromettent gravement les missions à long terme et créent des répercussions en chaîne sur l’ensemble de l’écosystème spatial commercial américain.

Jonathan Roll, co-auteur du rapport et analyste à l’Université d’État de l’Arizona, confie sa surprise devant la rapidité des transformations chinoises : « Presque tout ce que je croyais savoir sur le spatial chinois au début des années 2020 a dû être mis à jour trois ans plus tard. C’était assez inquiétant. »

Cette accélération contraste avec les difficultés américaines. Jim Bridenstine, ancien administrateur de la NASA, a récemment déclaré devant le Sénat qu’il était « hautement improbable » que les États-Unis devancent la Chine dans le retour lunaire, à moins d’une inversion immédiate des coupes budgétaires.

Un basculement géopolitique majeur

Dave Cavossa, président de la Commercial Spaceflight Federation, résume la situation avec une lucidité brutale : « Les États-Unis sont encore en avance dans de nombreux domaines spatiaux, mais les Chinois progressent très vite et sont sur le point de nous dépasser dans les cinq à dix prochaines années si nous n’agissons pas. »

Ce basculement dépasse largement les enjeux technologiques ou scientifiques. Il redéfinit fondamentalement les rapports de force géopolitiques du 21e siècle, où la maîtrise de l’espace déterminera en grande partie l’influence terrestre.

La question n’est plus de savoir si la Chine deviendra la première puissance spatiale mondiale, mais quand ce basculement s’opérera et comment les autres nations s’adapteront à cette nouvelle donne cosmique.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.