Pourquoi le Danemark installe-t-il des lampadaires à la lumière rouge ?

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Crédits : Julia Garan/iStock

Certains pays nordiques, et particulièrement le Danemark, ont décidé de troquer leurs lampadaires classiques contre des modèles diffusant de la lumière rouge. Si certains qualifieront l’ambiance de lugubre, l’initiative est pourtant toute honorable.

Le Danemark a revu ses éclairages publics dans sa version écologique : des lampadaires diffusant une lumière rouge, moins perturbante pour la faune nocturne que les faisceaux blancs traditionnels. Un projet lumineux consistant à remplacer plus de 4000 lampadaires classiques pour protéger les chauves-souris, espèce fortement impactée par la pollution lumineuse.

Les graves conséquences de la pollution lumineuse

La pollution lumineuse désigne l’excès de lumière artificielle produite par les activités humaines pendant la nuit, principalement issue de l’éclairage public, des enseignes lumineuses, des bâtiments et autres infrastructures. Ce type de pollution sous-estimé a pourtant de graves conséquences :

  • Effets sur la faune et la flore : perturbation des cycles naturels de nombreux animaux nocturnes et migratoires, terrestres ou marins, mais aussi des plantes qui dépendent de ces cycles pour réguler leurs périodes de croissance et de repos.
  • Effets sur la santé humaine : l’exposition excessive à la lumière artificielle, et notamment à la lumière bleue émise par les écrans et certains types d’éclairage perturbe le cycle circadien humain.
  • Gaspillage énergétique : une grande partie de l’éclairage public contribuant à la pollution lumineuse est inutile ou excessif, entraînant un gaspillage d’énergie significatif, et participant indirectement à l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre (GES).
  • Réduction de la visibilité des étoiles : la pollution lumineuse réduit la capacité à observer les étoiles, nuisant à la recherche scientifique et à l’appréciation du ciel nocturne.
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Crédits : Isarescheewin/iStock

Ces animaux particulièrement touchés par la pollution lumineuse

La pollution lumineuse affecte de nombreux animaux, en particulier la faune nocturne ou celle qui dépend des cycles lumineux naturels pour sa reproduction, sa migration ou ses besoins alimentaires. Parmi ces espèces animales sensibles :

  • Les oiseaux migrateurs : de nombreuses espèces d’oiseaux s’aident de la lumière naturelle de la lune et des étoiles pour s’orienter lors de leurs migrations nocturnes. La lumière artificielle achève de les désorienter, entraînant alors un épuisement, une exposition accrue aux prédateurs, voire des risques de collision.
  • Les tortues marines : les jeunes tortues de mer dépendent de la lumière naturelle du ciel nocturne pour trouver leur chemin vers l’océan après éclosion. L’éclairage artificiel des zones côtières les incitent souvent à se diriger vers des routes, à l’opposé de leur trajectoire initiale.
  • Les insectes : de nombreuses espèces d’insectes sont attirées par la lumière artificielle, perturbant leurs habitudes alimentaires et leurs comportements reproductifs, tout en favorisant l’exposition aux prédateurs.
  • Les chauves-souris : nombreuses sont les espèces de chauves-souris qui sont attirées par les concentrations d’insectes autour des lumières artificielles, à la fois désorientées et plus exposées aux prédateurs.
  • Les amphibiens : les grenouilles et salamandres, notamment, dépendent de l’obscurité pour se reproduire. La lumière artificielle n’est pas à l’abri de perturber leurs cycles naturels, affectant alors leurs comportements de reproduction et la survie des jeunes individus.
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Crédits : Remus86/iStock

Pour lutter contre la pollution lumineuse, le Danemark décide d’installer des lampadaires à la lumière rouge

Pour réduire l’impact de la lumière artificielle sur la faune sauvage nocturne, les municipalités danoises ont décidé de révolutionner leurs éclairages urbains en mettant en place des lampadaires émettant une lumière rouge. Plus douce et moins aveuglante que les faisceaux bleus, verts ou violets des modèles traditionnels, cette lumière permettrait notamment de réduire les perturbations dont pâtissent les chauves-souris.

Pour élire une telle couleur, les autorités se sont appuyées sur des études révélant que les longueurs d’ondes les plus diffuses (comme le rouge) présentaient moins d’impact sur les cycles naturels de la faune nocturne, et notamment ceux de la chauve-souris.

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Crédits : Agustin Orduna/iStock