Dans le cadre de la première mission chinoise sur Mars, le rover chinois Zhurong a exploré Utopia Planitia, l’un des plus grands bassins d’impact de la planète rouge. Cette région avait été visitée pour la première fois par la mission Viking 2 en 1976. Cependant, grâce aux avancées technologiques des dernières décennies, Zhurong a pu fournir des données inédites sur la composition de Mars et révéler notamment seize structures polygonales enfouies sous la surface martienne.
L’héritage de Zhurong
Comme la Terre, Mars connaît des saisons, mais celles de la planète rouge sont environ deux fois plus longues. Les hivers martiens peuvent également voir les températures chuter jusqu’à -60°C, ce qui met les rovers à l’épreuve. Pendant ces périodes difficiles, ces véhicules entrent donc en veille et reprennent leurs activités une fois que les conditions s’améliorent.
Zhurong, le premier rover chinois à fouler le sol martien, était entré en mode veille il y a un peu plus d’un an. Il devait ensuite reprendre ses activités en décembre 2022, autour de l’équinoxe de printemps martien. Malheureusement, les équipes au sol n’ont capté aucun signal de réveil. Des tempêtes de sable avaient en effet réduit la production d’énergie de ses panneaux solaires, forçant finalement la Chine à abandonner sa mission.
Malgré tout, la mission de Zhurong est considérée comme un succès. Initialement prévu pour une mission principale de 90 sols martiens, le rover a en effet continué à fonctionner pendant plus d’un an terrestre dans la région d’Utopia Planitia et utilisé son radar pour examiner le sous-sol. D’ailleurs, les données collectées par le véhicule continuent d’être examinées.
Il y a quelques jours, ces données ont permis aux chercheurs d’identifier plusieurs structures polygonales enfouies à une profondeur de 35 mètres.
Comment ces structures polygonales se sont-elles formées sur Mars ?
Nous savons qu’une certaine activité géologique persiste sur la planète rouge, comme en témoignent les tremblements de terre enregistrés par InSight de la NASA. L’étude s’est donc penchée sur la possibilité que les structures enterrées aient une origine volcanique. Cependant, aucune preuve d’extrusions basaltiques n’a été trouvée sur le site exploré par Zhurong. Les chercheurs pensent donc que ces structures sont en réalité plutôt sédimentaires, formées à la suite de cycles de gel-dégel qui ont engendré des fissures dans le terrain, initialement à la surface. Ce processus, observable dans d’autres régions de Mars, résulte ainsi de la sublimation et de la congélation et peut s’étaler sur des milliards d’années.

Si les structures polygonales nécessitaient effectivement des cycles de gel-dégel, cela suggère que le climat de l’ancienne Mars était beaucoup plus variable qu’on ne le pensait. Bien que située à des latitudes basses à moyennes, Utopia Planitia aurait en effet pu connaître des saisons très différentes en raison d’une obliquité plus élevée à l’époque.
Les couches de matériaux qui recouvrent les structures polygonales indiquent également des événements passés. Ces structures étaient enfouies dans des couches de matériaux qui ne leur ressemblaient pas, suggérant que l’environnement humide qui les a formées a peut-être cessé d’exister ou qu’un autre événement géologique inconnu s’est produit.
La mission du rover chinois Zhurong sur Mars a marqué une étape significative dans l’exploration spatiale et l’étude de la planète rouge. En explorant Utopia Planitia, Zhurong a permis de révéler des structures polygonales enfouies sous la surface martienne, fournissant des indices précieux sur l’histoire géologique et climatique de Mars. Bien que la mission ait été interrompue par des tempêtes de sable, les données collectées continuent d’offrir de nouvelles perspectives. Ces structures, formées par des cycles de gel-dégel, suggèrent que l’ancienne Mars possédait un climat beaucoup plus variable, potentiellement plus propice à des conditions humides que ce que l’on croyait auparavant.
L’héritage de Zhurong va bien au-delà de sa durée de vie opérationnelle, contribuant à notre compréhension des processus géologiques martiens et du passé climatique de la planète. Ces découvertes soulignent l’importance des missions robotiques dans l’exploration planétaire et ouvrent la voie à de futures missions qui pourraient un jour répondre à certaines des questions les plus profondes sur la possibilité de vie passée sur Mars.
Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature Astronomy.