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Le cycle du sel, perturbé par les activités humaines à l’échelle mondiale

sel de table
Crédits : Liudmila Chernetska / iStock

Selon une synthèse scientifique menée par des chercheurs américains, il faudrait réguler l’utilisation du sel à l’échelle mondiale. Ils indiquent en effet que la salinisation de l’environnement touche l’eau des rivières, les sols et même l’air.

Une accélération du cycle du sel

Si la notion de cycle de l’eau est assez connue du grand public, celle du cycle du sel l’est beaucoup moins. Il est ici question de composés remontant naturellement depuis les profondeurs de la Terre vers la surface, notamment suite à certains processus géologiques, hydrologiques et même météorologiques. Par ailleurs, cela ne concerne pas seulement le sel agrémentant nos plats, le chlorure de sodium. En effet, les sels regroupent d’autres chlorures (calcium, magnésium, potassium, etc.) ainsi que des sulfates, nitrates, phosphates et acétates.

Habituellement très lents, les mouvements perpétuels des sels ont tendance à s’accélérer, principalement en raison des activités humaines. Parmi ces activités, nous retrouvons l’agriculture, l’exploitation minière, le bâtiment ou encore le dessalement de l’eau de mer ainsi que le salage des routes. Or, il faut savoir que les conséquences de la salinisation sur l’environnement sont nombreuses : sodium envahissant les eaux souterraines, brûlure de la végétation, appauvrissement des sols en oligo-éléments ou encore manque d’oxygène pour la faune aquatique.

Ce constat a poussé certains chercheurs de l’Université du Maryland (États-Unis) à mener une synthèse scientifique dont les résultats ont été publiés dans la revue Nature Reviews Earth & Environment le 31 octobre 2023. Pour les auteurs de ces travaux, cette accélération du cycle du sel pourrait représenter une « menace existentielle » si elle se poursuit réellement.

sels de déneigement
Crédits : Milan Krasula / iStock

Une menace pour l’eau potable ?

Les résultats de l’étude proviennent en partie de sels trouvés dans les sols et au niveau des eaux de surface. Les auteurs affirment que la salinisation affecte environ un milliard d’hectares de sol dans le monde, soit une superficie équivalente à celle des États-Unis. Si les concentrations de sel dans les sols et les rivières ont largement augmenté au cours des dernières décennies, certaines régions enneigées voient les sels de déneigement se transformer en aérosol (des particules flottant dans les airs), allant jusqu’à menacer l’approvisionnement en eau douce des populations. Le meilleur moyen de contrer ce phénomène est de limiter l’utilisation de sels de déneigement et trouver des alternatives, une mesure déjà en place dans l’ouest des États-Unis.

Enfin, les auteurs de l’étude appellent à une utilisation sûre et durable du sel, ce qui s’apparenterait à une limite planétaire, comme pour les rejets de CO2 dans l’atmosphère. Si pour l’instant, le sel n’est pas un contaminant primaire de l’eau potable (du moins aux États-Unis), les concentrations augmentent à des niveaux pouvant devenir nocifs. Il y a encore une vingtaine d’années, la science disposait de seulement quelques études de cas çà et là. Désormais, il est bel et bien question d’un cycle de sel à l’échelle globale qui concerne également les profondeurs de la Terre et son atmosphère. Or, comme l’explique le Pr Sujay Kaushal, un géologue de l’Université du Maryland ayant participé à l’étude : « si l’on considère la planète comme un organisme vivant, l’accumulation d’une telle quantité de sel peut affecter le fonctionnement des organes vitaux, c’est-à-dire des écosystèmes ».