Aux États-Unis, des scientifiques ont développé un moyen de cultiver des produits en bois directement en laboratoire à l’aide de cellules végétales. Ce procédé pourrait en théorie permettre de limiter les dérives en lien avec la déforestation.
Biofabrication du bois et ingénierie tissulaire
Comme l’indiquait la plateforme Canopée en 2023, la perte de couvert forestier à l’échelle mondiale est passée de treize millions d’hectares en 2001 à vingt-huit millions en 2023. Véritable fléau, la déforestation touche en partie les forêts primaires, les pays les plus touchés étant sans surprise le Brésil et la République Démocratique du Congo.
Ashley Beckwith, qui travaille au département de génie mécanique au Massachusetts Institute of Technology (MIT), a fondé la société Foray Bioscience. L’objectif de cette société est de révolutionner la filière bois et protéger la nature grâce à une méthode aussi étonnante que prometteuse. En effet, l’idée est de cultiver des produits en bois directement en laboratoire en utilisant des cellules végétales. Ce procédé fait donc appel à la biofabrication et à l’ingénierie tissulaire. Dans les faits, la première étape consiste à extraire des cellules vivantes qui proviennent d’une plante originaire du Mexique (Zinnia violacea) avec des propriétés adaptées à la production de fibres. Conservées dans un bouillon liquide, ces cellules sont ensuite placées dans un gel qui contient des hormones végétales. En fin de parcours, les cellules se développent et prennent la forme de structures semblables au bois, qu’il est possible d’utiliser pour fabriquer entre autres des planches.
« Ces premières expériences démontrent la faisabilité de la croissance de matériaux confluents in vitro dans des architectures macroscopiques contrôlées. », peut-on lire dans l’étude publiée dans le Journal of Cleaner Production en 2021.

De nombreux avantages sur le plan écologique
Contrairement aux méthodes classiques de production de bois, la technique des chercheurs américains ne nécessite ni sol ni Soleil. L’empreinte écologique de la production est donc réduite. Par ailleurs, les cellules poussent cent fois plus rapidement en laboratoire. En théorie, la méthode permettrait de protéger les forêts, de les rendre plus denses et d’y préserver la biodiversité tout en assurant une production massive de bois sur l’ensemble de la planète. Autrement dit, si cette biofabrication de bois venait à se généraliser, la déforestation aurait énormément moins d’impact qu’aujourd’hui.
De plus, la méthode vient supprimer de nombreuses étapes intermédiaires de transformation souvent très gourmandes en énergie. Citons par exemple le sciage, le façonnage et plus simplement le traitement ainsi que le transport du bois. Cette méthode favorise en outre la réduction des déchets comme la sciure et une baisse de la consommation en eau.