Des chercheurs alertent sur les risques inhérents au fait de cuisiner en espace clos. Si l’air n’est pas renouvelé, le fait de cuisiner certains aliments pourrait en effet entraîner un pic de pollution intérieure supérieur à ce qui est enregistré dans certaines des villes les plus polluées de la planète.
Cuire le rôti du dimanche, c’est l’exemple choisi par une équipe de l’Université du Colorado, aux États-Unis. À quel point, si votre cuisine n’est pas suffisamment aérée, la cuisson des aliments peut-elle influencer vos capacités respiratoires ? En analysant les quantités de particules fines rejetées lors de la préparation d’un repas de Thanksgiving, les chercheurs ont été surpris de constater que la pollution de l’air intérieur était bien au-dessus des niveaux observés dans les villes les plus polluées de la planète.
Un pic de pollution pendant une heure
Le rôti n’est ici qu’un exemple (huiles et graisses animales cuisinées, ou graisse carbonisée dans le four, en général). Les chercheurs évoquent également l’utilisation d’une gazinière, qui libère également une quantité importante de particules fines capables de polluer l’air intérieur (PM2.5). Pour vous donner une idée, il y aurait, après un épisode de cuisson, jusqu’à 200 microgrammes par mètre cube de ces particules pendant une heure dans votre intérieur. C’est supérieur au niveau de pollution enregistré en moyenne dans la ville de Delhi, la sixième ville la plus polluée de la planète. C’est également 13 fois supérieur à la moyenne de pollution enregistrée dans le centre de Londres.
« Nous avons tous été surpris par les niveaux globaux de particules dans la maison », explique Marina Vance, de l’Université du Colorado à Boulder, et principale auteure de l’étude. Elle note également que, outre ce « pic » d’une heure, les niveaux dépassaient généralement les directives de l’OMS de 10 microgrammes par mètre cube pendant huit heures et demie. La chercheuse, au regard de ces résultats, conseille donc vivement à celles et ceux qui cuisinent d’ouvrir les fenêtres autant que faire se peut, et d’utiliser une hotte aspirante si vous en avez une.
Le problème des particules en suspension
Si votre intérieur n’est pas assez ventilé, ces micro-particules pourraient malheureusement intégrer votre système respiratoire. Ou pire encore. La taille des PM2.5 ne dépasse en effet pas les 2,5 micromètres. Elles sont donc assez petites pour s’introduire dans nos poumons, entraînant des troubles respiratoires. Mais ces particules peuvent également atteindre notre système sanguin, via les poumons. Le sang circulant dans tout notre corps, ces particules toxiques peuvent alors facilement intégrer le foie, le cœur et même le cerveau.
« Nous savons que l’inhalation de particules, quelle que soit leur composition, nuit à la santé. Est-ce aussi grave que de respirer les gaz d’échappement des véhicules ? Nous ne le savons pas encore, poursuit la chercheuse. Ça se compare à une ville très polluée, mais ce qui est important à retenir, c’est que ces niveaux ne sont enregistrés que sur une courte période. Lorsque vous vivez dans une ville polluée, vous y restez 24 h/24 », tient-elle à rappeler.
On notera tout de même que contrairement à la pollution extérieure, la pollution intérieure n’est pas réglementée, alors que nous passons plus des deux tiers de notre temps dans nos foyers. Ce que nous révèle cette étude, c’est que les niveaux de pollution intérieure sont parfois beaucoup plus élevés que ceux enregistrés à l’extérieur. Et comme pour toute pollution, ce sont les plus jeunes et les plus âgés qui sont les plus vulnérables.
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