CRISPR-Cas9 : certaines plantes OGM peuvent faciliter la propagation de virus mutés !

Crédits : Max Pixel

Les ciseaux génétiques CRISPR-Cas9 sont actuellement aussi populaires que controversés. En effet, les chercheurs espèrent opérer des modifications génétiques de l’ADN dans de nombreux domaines, dont l’agroalimentaire. En revanche, une récente étude estime que dans certains cas, les conséquences pourraient être plutôt négatives.

Une découverte inattendue

Dans leur étude publiée par la revue Genome Biology le 25 avril 2019, des chercheurs canadiens, belges et suisses ont fait une découverte importante. Selon un article du journal de l’Université d’Alberta (Canada), ils se sont intéressés au manioc. Rappelons qu’il s’agit de l’aliment de base d’un demi-milliard de personnes sur Terre. Malheureusement, le manioc est parfois touché par le virus de la mosaïque, une maladie capable de causer une perte de 20 % de la production.

Dans le cadre de leur étude, les chercheurs ont donc tenté – via l’édition génomique – de mettre au point des plants de manioc capables de résister à cette maladie. Il s’agissait d’utiliser les ciseaux génétiques CRISPR-Cas9 afin de permettre aux plants de recombiner l’ADN du virus de la mosaïque, et donc de s’en prémunir. Le fait est que les résultats se sont montrés étonnants. En effet, les plants de maniocs obtenus n’ont pas développé de résistance contre le virus – bien au contraire !

En tentant de mettre au point des plants de manioc résistants aux maladies, les chercheurs ont fait une découverte importante !
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Un cas isolé ?

« Notre intervention a créé une pression sur les virus qui les a encouragés à évoluer plus rapidement et leur a fourni aussi les moyens de le faire. Nous avons vu apparaître en laboratoire, un virus mutant résistant à notre procédé », a déclaré Devang Mehta, principal auteur de l’étude.

Après cette découverte, les scientifiques ont voulu se montrer rassurants, bien que prévenants. Selon eux, les ciseaux CRISPR-Cas9 ne posent pas ce genre de problème dans la plupart des autres applications agroalimentaires. En revanche, ils ont souligné l’importance du dépistage de ce genre de mutations virales par le biais de tests. Il est donc question d’une nouvelle précaution à prendre, une mise en garde s’adressant aux chercheurs travaillant sur des plantes résistantes aux virus.

Si avec la santé, l’agroalimentaire est le second grand domaine d’application des ciseaux CRISPR-Cas9, il y a parfois des projets assez incroyables. Aux États-Unis en 2018, la DARPA a déclaré vouloir modifier des plantes afin de les transformer en espions environnementaux. Le but ? Mettre au point des bio-capteurs observables via l’imagerie satellite, une nouvelle forme de contre-espionnage selon les porteurs du projet.

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