Et si les crises économiques pouvaient laisser une trace dans nos gènes ?

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La science a déjà établi le fait que le stress et la faim étaient deux facteurs capables de laisser une empreinte sur les gènes d’une personne après sa naissance. Cela a donc un impact durable sur la santé. En partant de ce constat, est-il possible de dire qu’une crise économique pourrait impacter les gènes ?

Un impact visible sur nos gènes ?

La question de savoir si une crise économique pourrait ou non impacter la génétique humaine s’inscrit dans une discipline récente en lien avec la biologie : l’épigénétique. Elle consiste à étudier les mécanismes qui peuvent modifier de manière réversible, transmissible lors des divisions cellulaires, mais aussi adaptative, l’expression des gènes sans en changer la séquence nucléotidique (ADN). Cette discipline est d’ailleurs en plein essor, car les mécanismes en question sont de plus en plus nombreux à être identifiés.

Comment ne pas penser que certaines périodes historiques plus difficiles pour l’humanité auraient pu avoir un impact visible sur la génétique ? Deux chercheuses américaines des universités du Wisconsin et de Californie à Berkeley ont exploré la question dans une étude parue dans la revue PNAS le 8 novembre 2022.

Selon le duo, les cellules des personnes nées durant la grande crise des années 1930 montrent des signes de vieillissement accéléré. Ces personnes seraient donc potentiellement exposées à des taux plus élevés de maladies chroniques et de décès prématurés.

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Crédits : Furiosa-L / Pixabay

Quel est l’objectif de ces recherches ?

Dans le cadre de ces travaux, les scientifiques ont comparé les marqueurs génétiques du vieillissement chez 800 Américains nés pendant les années 1930. Or, ce que les auteures de l’étude qualifient d’empreinte du vieillissement apparaît plus souvent chez les individus nés dans les États les plus durement impactés par la récession. Rappelons au passage qu’au plus fort de cette crise, le taux de chômage concernait 25 % de la population du pays.

En raison de la durée de la vie humaine, comparer des conditions socio-économiques négatives est très difficile, entre le moment où une femme est enceinte et la santé de son enfant à l’âge adulte. Toutefois, certains travaux semblent avoir établi un lien entre périodes compliquées et impacts sur la génétique. Citons par exemple une étude du Leiden University Medical Center aux Pays-Bas parue en 2014 et portant sur une famine dans le pays après la Seconde Guerre mondiale.

Pour les deux chercheuses, prouver l’existence de ce phénomène pourrait permettre d’améliorer les programmes sociaux destinés aux femmes enceintes. L’objectif est de combattre le plus tôt possible les inégalités susceptibles d’apparaître des années plus tard en matière de santé et pouvant même dans certains cas perdurer durant toute la vie.