in

Cette créature pourrait être le premier prédateur connu du règne animal

créature prédateur
Crédits : Simon Harris ; Illustration : Rhian Kendall

Une équipe de paléontologues annonce avoir identifié le fossile d’une créature tentaculaire inconnue jusqu’alors. L’animal, qui vivait dans les profondeurs de l’océan il y a 560 millions d’années, pourrait être un ancien parent de la méduse moderne. Il pourrait également s’agir du plus ancien prédateur connu du règne animal. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature Ecology & Evolution.

Les scientifiques ont découvert les restes de l’animal au milieu d’un millier d’autres fossiles dans un affleurement de roches volcaniques et sédimentaires de la Formation de Bradgate, en Angleterre, datant d’il y a 557 à 562 millions d’années (période édiacarienne). Cela signifie que cette créature nouvellement identifiée est antérieure à l’explosion cambrienne, un épisode au cours duquel la vie complexe s’est rapidement diversifiée.

La plupart de ces fossiles, qui représentaient une vingtaine d’espèces différentes, s’apparentaient aux créatures ressemblant à des frondes précédemment trouvées dans les roches précambriennes. Ce fossile dénotait cependant en raison de sa ressemblance avec des formes observées chez des animaux vivants aujourd’hui. Cela n’avait jamais été le cas jusqu’à présent pour des fossiles précambriens.

Le plus ancien prédateur connu ?

Pour en apprendre davantage, l’équipe dirigée par le paléobiologiste Philip Wilby, de la British Geological Survey, a fabriqué des moulages en caoutchouc de la paroi rocheuse remplie de fossiles pour les étudier en laboratoire.

De telles impressions ont cependant tendance à être toutes aplaties ce qui rend l’anatomie interne et les formes corporelles des animaux difficiles à interpréter. Pour créer des modèles 3D de leurs moulages, les chercheurs les ont éclairés sous différents angles et pris de nombreuses photos. Ces clichés ont ensuite été compilés dans un modèle 3D virtuel pouvant être manipulé numériquement.

Ces reconstructions ont révélé que cette créature désormais nommée Auroralumina attenboroughii ressemblait à une sorte de candélabre (un chandelier à plusieurs branches). Les chercheurs ont en effet identifié deux structures en forme de « gobelet » partant d’un seul pied, probablement soutenus par un squelette rigide, au-dessus desquels semblaient dépasser les pointes de petits tentacules.

« C’est la première créature, le premier animal que nous connaissons qui ait réellement développé un squelette« , explique Philip Wilby. « Sa structure en tentacules laisse entendre qu’A. attenboroughii se nourrissait probablement de plancton et de protistes, ce qui en ferait le premier prédateur connu du règne animal« .

créature prédateur
Le fossile décrit et une illustration de ce dernier. Crédits : Simon Harris ; Illustration : Rhian Kendall

L’origine des cnidaires repoussée ?

Cette créature partage également de nombreuses caractéristiques fondamentales avec les fossiles cambriens du groupe des Médusozoaires qui comprend les méduses modernes.

Bien que ce fossile puisse ne pas ressembler à une méduse à première vue, il est important de noter que pendant une partie de leur cycle de vie, les médusozoaires non plus. Il arrive en effet que ces animaux s’ancrent au fond de la mer pour se reproduire de manière asexuée. Au cours de cette étape, ils ressemblent alors davantage à des anémones, tout comme A. attenboroughii.

Si A. attenboroughii est bien un membre des Médusozoaires, alors il appartiendrait à un groupe plus large d’organismes connus sous le nom de cnidaires qui comprend également les coraux et autres anémones de mer. Avant cette nouvelle étude, des preuves fossiles suggéraient que le « modèle » de base pour les cnidaires n’avait émergé que durant la période cambrienne. Ce que nous dit cette étude, c’est que ce « plan directeur » était en réalité déjà bien établi au moins vingt millions d’années auparavant.

Brice Louvet, expert espace et sciences

Rédigé par Brice Louvet, expert espace et sciences

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.