Pourquoi les coups de cravache devraient ĂȘtre interdits lors des courses de chevaux

chevaux cravache
Crédits : caltatum/pixabay

Une Ă©tude confirme que les coups de cravache infligĂ©s aux chevaux durant les courses hippiques n’ont aucun effet sur leur tenue de la ligne, ni sur leur vitesse. Autrement dit, l’utilisation de ces cravaches pourrait ĂȘtre interdite sans que cela n’affecte l’intĂ©gritĂ© des courses.

La Melbourne Cup – la principale compĂ©tition hippique d’Australie – est Ă  nos portes. La cĂ©lĂšbre course se dĂ©roule en effet tous les ans le premier mardi de novembre. Cette annĂ©e sera naturellement diffĂ©rente en raison de la pandĂ©mie de COVID-19, mais s’il y a bien une chose qui ne changera pas, c’est l’inquiĂ©tude concernant le bien-ĂȘtre des chevaux, qui semble refaire surface chaque annĂ©e.

Les coups de cravache

Tout le monde a dĂ©jĂ  vu, que ce soit directement sur le champ de course ou Ă  la tĂ©lĂ©vision, ces coups de cravache infligĂ©s par les jockeys aux chevaux. Deux motivations principales sont gĂ©nĂ©ralement Ă©voquĂ©es. La premiĂšre : les cravaches « encouragent » les chevaux Ă  courir plus droit, permettant de rĂ©duire les interfĂ©rences entre les animaux sur le parcours. De cette maniĂšre, on minimise alors les risques d’accidents susceptibles de menacer l’intĂ©gritĂ© physique des montures et de leur cavalier.

Seconde justification invoquĂ©e : les coups de cravaches « encouragent » les chevaux Ă  courir plus vite. Ceci est considĂ©rĂ© comme fondamental pour l’intĂ©gritĂ© de la course. Dans une industrie Ă  plus d’un milliard de dollars qui repose sur le jeu, toutes les parties prenantes veulent en effet s’assurer que le cheval soutenu a toutes les chances de gagner.

Le problĂšme de la douleur

Pourtant, des Ă©tudes antĂ©rieures ont en effet dĂ©jĂ  soutenu que les coups de cravache ne sont pas indolores pour l’animal.

Dans le cadre d’une Ă©tude publiĂ©e en 2011 dans la revue PLOS ONE, une Ă©quipe de chercheurs avait en effet prouvĂ© qu’un coup de cravache mal placĂ© entraĂźne souvent des inflammations, et donc une douleur persistante aprĂšs la course. En outre, les chercheurs avaient Ă©galement conclu que les cravaches dites « anti-douleurs » n’Ă©taient pas efficaces. Une autre Ă©tude, publiĂ©e cette fois en 2015, Ă©tait arrivĂ©e aux mĂȘmes conclusions, aprĂšs avoir mis en Ă©vidence la peau trĂšs innervĂ©e – et donc trĂšs sensible – des chevaux.

MalgrĂ© son inadĂ©quation avec le principe de bien-ĂȘtre animal, l’utilisation de la cravache est aujourd’hui encore autorisĂ©e dans certains sports Ă©questres, et notamment en course hippique, pour les deux raisons invoquĂ©es plus haut. Pourtant, lĂ  encore, des Ă©tudes antĂ©rieures ont dĂ©jĂ  soulignĂ© que la cravache n’a aucune incidence sur la tenue et la vitesse du cheval pendant la course. De nouveaux travaux, publiĂ©s dans la revue Animals, va une fois de plus dans le mĂȘme sens.

chevaux cravache
Crédits : marcelkessler/pixabay

«Aucun impact sur la direction, la sécurité ou la vitesse»

Depuis 1999, une forme de course sans cravache est pratiquĂ©e en Grande-Bretagne pour apprentis jockeys. Ces derniers sont autorisĂ©s Ă  en porter, mais ils ne peuvent les utiliser qu’en cas d’urgence, comme pour tenter d’Ă©viter un frottement, par exemple. Notez que ce n’est pas la seule course Ă  proposer ce type d’approche. En NorvĂšge notamment, des courses sans cravaches se dĂ©roulent en effet depuis plus de trente ans.

Ceci dit, aprÚs ces courses anglaises, les commissaires sportifs produisent des rapports, détaillant tout comportement inhabituel du jockey, les mouvements des chevaux sur le parcours, ou encore les interférences entre animaux. Dans le cadre de cette étude, des chercheurs australiens ont analysé les rapports de 126 courses impliquant un total de 1178 participants (chevaux et jockeys). Celles-ci comprenaient 67 courses « sans cravache » opérées entre janvier 2017 et décembre 2019, et donc 59 courses traditionnelles.

Et lĂ  encore, les conclusions sont trĂšs claires. «Nos travaux n’ont indiquĂ© aucune diffĂ©rence significative entre les mouvements des chevaux sur le parcours, les interfĂ©rences sur le parcours, la frĂ©quence des incidents liĂ©s au comportement des jockeys ou les temps moyens de fin de course», confirme Kirrilly Thompson, de l’UniversitĂ© d’Australie du Sud. «En termes simples, l’utilisation de la cravache n’a eu aucun impact sur la direction, la sĂ©curitĂ© ou la vitesse. Contrairement aux croyances de longue date, cravacher les chevaux de course ne fonctionne tout simplement pas».

Ces nouveaux rĂ©sultats renforcent ainsi l’idĂ©e que l’utilisation des cravaches dans les courses hippiques (mĂȘme si les coups sont aujourd’hui limitĂ©s) pourrait ĂȘtre interdite sans que cela n’affecte les chevaux, les cavaliers, ni mĂȘme l’intĂ©gritĂ© des courses.