À Taïwan, des crapauds toxiques pourraient menacer l’écosystème

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Crédits : Brian Gratwicke / Wikipedia

À Taïwan, des écologistes s’affairent pour contenir une invasion de crapauds non indigènes et hautement toxiques avant que les amphibiens ne causent trop de dommages à leur nouvel écosystème.

Une possible invasion de crapauds à Taïwan

Le crapaud buffle (Rhinella marina) est une espèce de crapaud de la famille des Bufonidae. Originaire d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, l’espèce a depuis été introduite à travers le monde au cours du 20e siècle, notamment aux Caraïbes, en Australie et dans près d’une quarantaine d’autres pays, le plus souvent pour s’occuper des problèmes de ravageurs. Depuis, leurs nombres ne cessent d’augmenter. Ils figurent d’ailleurs sur la liste des cent pires espèces envahissantes supervisée par le Invasive Species Specialist Group.

Côté physique, ces crapauds mesurent entre neuf et quinze centimètres, et arborent une peau jaune et brune couverte de verrues irrégulières. Ces crapauds sont également connus pour être hautement toxiques, libérant un poison blanc laiteux grâce à des glandes situées derrière leurs yeux. La substance est mortelle pour la plupart des animaux.

Il y a quelques semaines, des écologistes de la Taiwan Amphibian Conservation Society ont été alertés par un fermier d’une petite ville ancrée dans la chaîne Centrale, également appelée chaîne de Chungyang, qui s’étend du nord au sud de l’île. Ce dernier avait aperçu plusieurs de ces crapauds et partagé plusieurs photos en ligne.

Il fallait faire vite. En effet, ces crapauds se reproduisent très rapidement. Les femelles peuvent pondre jusqu’à 30 000 œufs à la fois et peuvent s’accoupler toute l’année. En outre, ces amphibiens n’ont pas de prédateurs naturels sur place. Enfin, ils peuvent également se comporter comme des charognards, se nourrissant donc très facilement.

Autrement dit, à Taïwan, c’est « portes ouvertes ». Et s’ils ne sont pas contenus rapidement, ces crapauds pourraient sérieusement endommager leur nouvel écosystème.

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Crédits : Pavel Kirillov / Wikipedia

La faute au marché noir ?

En arrivant sur place, à la ferme, les écologistes ont rapidement isolé 27 crapauds. Depuis, ils en ont capturé plus de 200 dans les environs de la ville, mais il pourrait y en avoir encore beaucoup d’autres. On ignore en effet depuis quand ces animaux vaquent à leurs occupations tranquillement dans la nature. Les chercheurs en sauront davantage au printemps prochain lorsque débutera la « saison des amours ».

« Les agriculteurs taïwanais ignorent généralement les crapauds et les regardent même favorablement lorsqu’ils les trouvent, car ils aident à débarrasser la terre des parasites et sont également un symbole de bonne chance« , souligne à l’AFP Lin Chun-fu, de l’Institut de recherche amphibien espèces endémiques de Taïwan. « Il ne leur est jamais venu à l’esprit qu’il s’agit d’une espèce envahissante d’un pays étranger« .

Les chercheurs pensent qu’un commerce d’animaux sur le marché noir pourrait être à l’origine de cette récente invasion.

À Taïwan, les crapauds sont en effet depuis longtemps considérés comme des animaux de compagnie et sont également utilisés dans la médecine traditionnelle. En 2016, le gouvernement avait cependant interdit l’importation de ces animaux, favorisant ainsi le développement d’un « marché parallèle ». Ici, les crapauds pourraient donc s’être échappés ou avoir été abandonnés par l’un de ces commerçants.