Encore aujourd’hui, une partie de la population peine à se faire vacciner. Toutefois, un nouveau vaccin pourrait changer la donne. Une société québécoise fabrique en effet un vaccin dont la production se fait à l’aide de plantes.
Une « mauvaise herbe » poussant en Australie
Que ce soit en France, en Allemagne ou encore au Canada, de nombreuses personnes hésitent encore à se faire vacciner. Cela est en grande partie dû à une méfiance à l’égard des vaccins à ARN messager et leurs possibles effets secondaires. Et bien qu’il existe désormais des vaccins plus traditionnels, la situation n’évolue pas. Une prépublication sur la plateforme medRxiv le 26 janvier 2022 donne néanmoins les détails d’un tout nouveau vaccin qui pourrait peut-être faire changer d’avis les vaccinohésitants. En effet, les chercheurs de la société québécoise Medicago utilisent des plantes pour le produire.
Selon eux, avoir recours aux plantes permet de ne pas travailler avec le virus vivant, car seule la séquence génétique est utilisée. La plante en question n’est autre que Nicotiana benthamiana (voir photo ci-après), une plante cousine du tabac poussant habituellement en Australie. Cette dernière est d’ailleurs habituellement considérée comme une mauvaise herbe. Cependant, elle permet de produire des protéines recombinantes avec un bon rendement.
Comment se déroule la production ?
Après la culture en serre, les chercheurs utilisent un vecteur bactérien (Agrobacterium tumefaciens). Il s’avère que cette bactérie a la capacité de transférer son matériel génétique dans les cellules des plantes. Ainsi, les chercheurs injectent dans la bactérie un plasmide contenant le gène codant pour la protéine Spike du coronavirus. Les plantes sont ensuite baignées dans un genre de cuve et en créant un vide, les chercheurs provoquent la libération de l’air contenu dans les feuilles. Une fois le vide comblé, les feuilles absorbent la solution bactérienne. Il s’agit ici de leurrer la machinerie cellulaire de la plante afin de lui faire croire que le matériel génétique injecté est bien le sien.
Après avoir réalisé qu’il s’agit d’un matériel étranger, la plante le détruit. Entre-temps, les chercheurs récupèrent et purifient les particules pseudo-virales qui se retrouvent dans des bourgeons à l’extérieur des cellules. Or, elles ressemblent au virus en raison de présence de protéines Spike, mais ne sont pas infectieuses, car elles ne possèdent pas de matériel génétique. Après la récolte des feuilles, les particules sont libérées à l’aide d’enzymes capables de digérer la membrane cellulosique des cellules.
Cette technique de production existe depuis trois décennies et a déjà entre autres permis de produire des vaccins pour l’hépatite B et le virus du papillome humain (VPH). Pour les chercheurs, l’intérêt réside dans le fait que notre corps reçoit directement la protéine Spike, si bien que nos cellules n’ont pas besoin de la produire. La production basée sur les plantes prend en outre une semaine environ seulement et peut être lancée à n’importe quel moment. De plus, l’efficacité du vaccin face à plusieurs variants du coronavirus en fait un candidat sérieux. Medicago espère obtenir rapidement une homologation du vaccin et commencer une production à grande échelle avant commercialisation.