Covid-19 : une hypothétique troisième vague synonyme de troubles neurologiques

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Des chercheurs australiens pensent qu’il est possible qu’une troisième vague de Covid-19 puisse survenir. Toutefois, cette vague serait synonyme d’une augmentation des risques de troubles neurologiques tels que la maladie de Parkinson.

Un cas spécial

Le plus fréquent des symptômes Covid-19 est la détresse respiratoire. Toutefois, la maladie peut également provoquer des troubles neurologiques, qu’il s’agisse d’encéphalite ou d’anosmie. Rappelons que les coronavirus sont capables de neurotropisme, c’est-à-dire d’infecter les cellules nerveuses via différentes voies. Or, le Sars-Cov-2 n’échappe pas à cette règle. Dans leur publication du Journal of Parkinson’s Disease le 22 septembre 2020, les chercheurs du Florey Institute of Neuroscience and Mental Health (Australie) ont décrit un cas assez spécial.

Il s’agissait d’une femme de 25 ans positive au coronavirus. Cette dernière avait peu de symptômes respiratoires, n’avait ni fièvre mais présentait toutefois une anosmie. Les médecins ont alors pratiqué une IRM du cerveau de la patiente et ont mis en évidence une altération de la région postérieure du gyrus rectus dans le cortex cérébral et du bulbe olfactif. Néanmoins, ces altérations se sont résorbées après 28 jours.

Une sorte de troisième vague

Les médecins-chercheurs ont formulé une hypothèse en prenant également en compte d’autres cas. Selon eux, la pandémie pourrait faire l’objet d’un prolongement sous la forme d’une troisième vague. Il n’est ici pas question de nouvelles infections mais d’apparitions plus fréquentes de maladies neurodégéneratives. Les médecins ont évoqué la maladie de Parkinson. Rappelons que cette maladie impacte les neurones dopaminergiques de la substance noire. Ceci cause progressivement des tremblements et des troubles cognitifs. Si les éléments à l’origine de la maladie sont méconnus, ceux-ci sont à coup sûr multiples. Les spécialistes pensent qu’une inflammation des neurones pourrait être un déclencheur de la maladie de Parkinson.

Les patients Covid-19 ont davantage d’acteurs du système du complément, dans la zone du cerveau où les neurones meurent. Cette sorte de voie innée de l’immunité génère des réactions ayant pour résultat la cytolyse d’une cellule (ou d’un pathogène). Selon les médecins, cette inflammation pourrait avoir pour origine l’infection par un virus. Nous savions par ailleurs que certains virus provoquent des complications neurologiques, comme le virus Zika. Dans le cas de la maladie de Parkinson, certains virus augmenteraient les risques mais rien n’est réellement prouvé à ce niveau.

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Crédits : France Parkinson

Mettre en place un registre

Les chercheurs ont tout de même évoqué la grippe espagnole de 1918. Dans les années ayant suivi la pandémie, les cas d’encéphalite léthargique ont augmenté, surtout au cours de l’hiver. Évidemment, il était très compliqué d’étudier l’origine de ce problème dans les années 1920, mais l’hypothèse du virus neurotrope est pertinente. Le sous-type H1N1 du virus est donc un suspect potentiel. Par ailleurs, le fait est que de nombreux patients Covid-19 déclarés comme guéris ont encore des problèmes persistants de fatigue, d’essoufflements et d’anosmie. Or, il faut savoir que l’anosmie est présente chez 90 % des personnes en phase précoce de Parkinson, une présence jusqu’à une dizaine d’années en amont des symptômes moteurs.

Afin de suivre cette potentielle troisième vague, les médecins proposent de créer un registre des patients Covid-19 ayant vécu des troubles neurologiques sur le long terme. Il s’agira de leur faire passer des examens du sang, permettant d’observer une possible présence de neurofilaments, et donc d’une neurodégénération.