Le Covid-19 peut-il vraiment causer des troubles de l’érection ? On fait le point

covid trouble de l'érection
Crédits : Engin_Akyurt/Pixabay

Certains malades du Covid-19 peuvent présenter des problèmes respiratoires, de la fatigue, des maux de tête, des pertes de goût ou d’odorat… et même des troubles de l’érection selon une petite étude récemment publiée. Ces derniers seraient inhérents à des perturbations vasculaires. Il convient toutefois de nuancer ces conclusions.

Covid-19 : un possible dysfonctionnement du tissu érectile ?

Nous savons grâce à des travaux antérieurs que la capacité du Covid-19 à pénétrer dans les cellules dépend fortement de la présence de l’enzyme de conversion de l’angiotensine-2 (ACE-2). Nous savons aussi qu’avant de se lier aux récepteurs ACE-2, les protéines de pointe virale doivent être amorcées par des protéases cellulaires, en particulier la protéase transmembranaire sérine 2 (TMPRSS-2).

C’est pourquoi le Covid-19 semble affecter les cellules et autres tissus qui co-expriment ACE-2 et TMPRSS-2, dont les cellules endothéliales. La microscopie électronique a en effet souligné la présence d’éléments viraux SARS-CoV-2 dans les cellules endothéliales d’organes affectés comme les poumons, le coeur ou les reins.

Nous pourrions alors nous demander si le tissu érectile du pénis, lui aussi riche en vaisseaux sanguins endothéliaux, pourrait également être sujet à un dysfonctionnement endothélial induit par le coronavirus. Une petite étude pilote signée de chercheurs de l’Université de Miami suggère que c’est effectivement possible.

Les grandes lignes de l’étude

Dans le cadre de ces travaux, du tissu pénien a été prélevé sur des patients subissant une chirurgie pour une prothèse pénienne en raison d’une dysfonction érectile sévère. L’âge des patients variait de 65 à 71 ans et tous étaient d’origine hispanique. Un échantillon a été prélevé sur deux hommes ayant des antécédents d’infection au Covid-19 six à huit mois plus tôt, et sur deux hommes sans antécédents.

Des analyses par microscopie électronique à transmission (MET) ont alors souligné la présence de particules virales extracellulaires avec des peplomères (pointes) près des cellules endothéliales vasculaires du pénis des patients Covid +. À l’inverse, ces particules virales étaient absentes chez les témoins.

L’expression d’eNOS (un marqueur de la fonction endothéliale) dans le corps caverneux des hommes touchés par le Covid était également diminuée comparée aux témoins. Enfin, les niveaux moyens de cellules progénitrices endothéliales des patients atteints touchés par la maladie étaient nettement inférieurs à ceux des hommes atteints de dysfonction érectile sans antécédents de Covid.

Notez que pour le premier patient, d’autres facteurs de risque de dysfonction érectile tels que l’hypertension, la maladie coronarienne et le diabète sucré n’étaient pas présents. En revanche, le second échantillon récupéré provenait d’un patient ayant des antécédents médicaux significatifs de maladie coronarienne et d’hypertension avec un cas relativement bénin de Covid-19 (faibles symptômes). Enfin, ces deux hommes avaient une « fonction érectile normale » avant leur infection.

covid trouble de l'érection
Crédits : lukasz_gl/pixabay

Il existe un possible lien, mais des travaux supplémentaires seront nécessaires

Pour les auteurs, cette étude est la première à démontrer la présence Covid dans le pénis longtemps après l’infection initiale. « Nos résultats suggèrent également qu’un dysfonctionnement généralisé des cellules endothéliales dû à une infection au Covid-19 peut contribuer à la dysfonction érectile« , peut-on lire en conclusion.

Il convient toutefois de nuancer ces propos. Rappelons en effet que ces deux personnes étaient âgées de 65 et 71, et qu’ils étaient tous deux d’origine hispanique. Ainsi, l’échantillon ne reflète en aucun cas l’ensemble de la population masculine.

Comme le souligne le docteur Ash Tewari, président de l’urologie à la Icahn School of Medicine du Mount Sinai Hospital à New York : « un ou deux patients ne font pas une généralité« . Aussi, « les hommes ne devraient pas paniquer tant que d’autres recherches n’auront pas été effectuées« .