Covid-19 : qui est le patient zéro en Europe ?

woman wearing mask as a protection from viruses

Des médecins français ont analysé d’anciens tests PCR négatifs et affirment que le premier patient atteint du Covid-19 ne remonte pas à janvier 2020 mais à décembre dernier. D’autres estiment que les premiers cas datent du mois de novembre. En tout cas, certains experts pensent qu’il y a eu un problème au sein du réseau du système de santé français puisque l’alerte n’a pas été donnée assez tôt.

Un patient Covid-19 fin décembre

Fin avril 2020, des chercheurs de l’Institut Pasteur indiquaient que le Covid-19 circulait librement dès la mi-janvier. Et pourtant, le premier cas officiel sur le territoire français est un homme de 80 ans originaire de la province du Hubei (Chine) et arrivé à Paris le 23 janvier 2020. Mais dans un article publié par Euronews le 1er juin 2020, on apprend que le premier patient atteint par le coronavirus en France date de décembre 2019.

Chef du service de réanimation de l’hôpital Avicenne à Bobigny, le Pr Yves Cohen est à l’origine de cette affirmation. L’intéressé a expliqué avoir repris avec son équipe tous les tests pratiqués entre le 16 décembre et le 16 janvier sur des patients atteints de pneumonie déclarés négatifs au Covid-19. Or, l’équipe a retrouvé un test PCR positif sur un total de 14 tests.

Il est question d’un patient admis dans cet hôpital le 27 décembre 2019. Autrement dit, ce dernier est actuellement le plus ancien cas biologiquement confirmé en France et donc en Europe. Cela revient à dire que le premier cas soigné dans un hôpital français précède d’environ un mois l’alerte lancée par la Chine à l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il s’agit donc ici d’une ultime preuve que cette alerte a été bien trop tardive.

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Crédits : jarmoluk/Pixabay

Mieux réagir face à une nouvelle pandémie

Le Pr Yves Cohen rappelle qu’officiellement les premiers cas ont fait leur apparition en France fin janvier et que la crise a débuté entre fin février et début mars. Pour le médecin, le coronavirus se propage vraisemblablement depuis le mois de décembre. L’intéressé indique que cette découverte permet de comprendre que la vitesse de dissémination est en réalité plus longue d’environ un mois. Autrement dit, en cas de nouvelle pandémie, les premiers cas devraient très rapidement alerter le gouvernent et ce dernier pourrait alors se montrer bien plus réactif.

S’il y a de grandes chances que le Covid-19 circulait déjà en décembre 2019, il se pourrait que le patient zéro soit encore plus précoce. Dans un article du 17 mai 2020, Le Parisien a rapporté le travail des médecins de l’hôpital Albert-Schweitzer de Colmar (Haut-Rhin). Ceux-ci ont en effet ressorti plusieurs milliers d’imageries médicales afin de retrouver des preuves d’une trace du Covid-19 avant l’épidémie. Or, certains scanners datant de novembre 2019 présentent des anomalies typiques du Covid-19. Ceci n’est pas farfelu dans la mesure où le département du Haut-Rhin est ensuite devenu l’un des épicentres de l’épidémie en France.

Pour Laurent Gerbaud, chef du pôle santé publique au CHU de Clermont-Ferrand, il y a eu un souci au sein du système de santé français. En effet, ce dernier n’a pas été en mesure de donner l’alerte plus tôt. L’expert estime que la France devrait se doter d’un système d’alerte de la population en lien avec les services de réanimation. Ceci pourrait permettre de réagir plus vite et mettre en place des mesures en cas d’urgence sanitaire.