Dans une étude publiée durant l’été, des chercheurs français appelaient à la prudence concernant le pangolin. Si cet animal faisait un temps figure de coupable idéal, les origines du coronavirus restent méconnues si bien que toutes les pistes restent actives.
Le pangolin « innocenté »
Actuellement, la communauté scientifique estime que le SARS-CoV-2 vient des chauves-souris. En revanche, la science n’a démontré aucune transmission directe de la chauve-souris à l’homme. Il devrait donc s’agir d’une transmission via un hôte intermédiaire. Or, en février 2020, la parution d’une étude chinoise désignait le pangolin comme étant le possible hôte intermédiaire en question.
Dans une étude publiée sur la plateforme médecine/sciences (m/s) le 10 août 2020, une enquête a été réalisée sur le pangolin. Étienne Decroly, virologue et directeur de recherche au CNRS, y explique que ce mammifère était effectivement un possible hôte intermédiaire. En revanche, le restant de son génome est trop distant, identique au SARS-CoV-2 à hauteur de 89 % « seulement ».
Une question toujours sans réponse
Le pangolin n’étant donc pas à l’origine de l’actuelle pandémie, la question de la transmissibilité du virus à l’homme se pose toujours. Personne ne sait comment ce virus génétiquement très proche de souches se transmettant seulement entre chauves-souris a pu franchir la barrière interespèces. Étienne Decroly indique que les mécanismes de recombinaison des virus animaux ayant permis une telle émergence demeurent énigmatiques. L’intéressé estime qu’il est nécessaire d’intensifier la collecte d’échantillons chez des espèces sauvages (ou domestiques) afin de comprendre sa genèse. Étienne Decroly évoque également la possibilité d’un tout autre scénario. Le SARS-CoV-2 se serait adapté à l’homme il y a déjà quelques années et aurait circulé silencieusement. Ensuite, une mutation se serait produite, augmentant la transmissibilité entre humains.
Récemment, l’intéressé indiquait d’ailleurs que l’hypothèse de l’accident de laboratoire est toujours d’actualité. Selon lui, la plupart des laboratoires sont capables de synthétiser une séquence génétique et ainsi produire un virus en quelques semaines seulement. Cette hypothèse était d’ailleurs déjà au cœur d’une enquête menée par les États-Unis il y a quelques mois. Le patient zéro aurait pu être un employé du laboratoire P4 de l’Institut de virologie de Wuhan (Chine) ayant diffusé sans le savoir l’agent pathogène dans cette ville. Si aucune preuve n’existe pour prouver cette thèse, le chercheur appelle à une réflexion critique sur les outils et les méthodes de reconstruction de virus.