Des chercheurs ont effectué des analyses leur permettant de repérer pas moins de 12 000 mutations du coronavirus SARS-Cov-2 ! Dans leurs conclusions, les scientifiques estiment que pour l’instant, aucune de ces mutations n’était synonyme d’une contagiosité plus forte du virus.
Des mutations tout à fait normales
Depuis le début de l’épidémie de Covid-19, le coronavirus SARS-Cov-2 a muté. Ceci a donc questionné quant à une potentielle virulence plus forte ou plus faible selon les mutations. L’inquiétude a également fait son apparition, notamment au Danemark et en France où des élevages de visons entiers contaminés ont été sacrifiés. Le principe de précaution a permis de réduire les craintes relatives à une potentielle mutation du coronavirus chez ces animaux rendant les vaccins en cours d’élaboration moins efficaces. Plus tard, de premières données ont cependant montré que cette mésaventure avait peu de risques de se produire.
Qu’on se le dise, les mutations du coronavirus sont normales bien qu’elles aient généralement un faible taux de mutation. En effet, tous les virus mutent et il n’y a là rien de rare ou d’étonnant. La plupart du temps, ces évolutions n’ont aucune conséquence. En revanche, cela peut parfois modifier le matériel génétique du virus, affectant alors sa transmissibilité et sa virulence.
Une publication dans la revue Nature du 8 septembre 2020 a donné la parole à l’épidémiologiste moléculaire norvégienne Emma Hodcroft. Elle y rappelait que Le SARS-CoV-2 accumule seulement deux mutations par mois d’une seule lettre dans son génome. Selon l’experte, ce taux de changement représente environ la moitié de celui de la grippe et un quart celui du VIH.
Plus de 12 000 mutations !
Si les coronavirus ont un faible taux de mutation, certaines de ces mutations peuvent tout de même être significatives. Citons par exemple la mutation D614G, solidement implantée en Europe depuis plusieurs mois. Différentes études sur le sujet ont fait l’objet de prépublications, mais n’étaient pas assez solides pour permettre des conclusions fermes. La mutation en question a-t-elle généré une plus grande virulence ? Depuis le début de l’épidémie, y a-t-il déjà eu une mutation augmentant la contagiosité ?
Afin de répondre à ces questions, des chercheurs de l’University College London (Royaume-Uni) ont mené une étude publiée dans Nature le 20 novembre 2020. Biologistes et généticiens ont analysé environ 46 000 génomes du coronavirus SARS-CoV-2 présents dans le monde entier et ont identifié 12 706 mutations. Une modélisation a permis de comprendre si une de ces mutations a augmenté la transmission du virus. Cette analyse phylogénétique visait à retracer l’évolution des mutations.
En conclusion, les chercheurs britanniques ont affirmé que les mutations les plus répandues sont neutres. Aucune d’entre elles (même D614G) ne s’accompagne d’une plus forte transmission du virus. Les scientifiques ont toutefois estimé que leur modèle pourrait à l’avenir permettre d’identifier rapidement une mutation potentiellement dangereuse.