Covid-19 : l’immunité après une infection pourrait durer au moins 8 mois !

covid 19
Crédits : NIH Image Gallery / Flickr

Un an après le début de la pandémie de Covid-19, le monde scientifique a enfin un peu de recul afin d’estimer la durée de l’immunité induite par l’infection virale. Une étude étasunienne a estimé que celle-ci durerait au moins 8 mois. Est-ce une bonne nouvelle ?

Une immunité de longue durée

En décembre 2020, une étude britannique affirmait que les anticorps contre le coronavirus disparaissaient en seulement quelques semaines. Selon les résultats, 25 % des personnes perdent leurs anticorps en moins de trois mois. Avant cela, une seconde étude étasunienne évoquait une immunité d’au moins 6 mois. Néanmoins, il s’agissait d’une pré-publication à considérer avec prudence.

Une étude pilotée par l’Institut d’immunologie de La Jolla (États-Unis) et publiée dans la revue Science le 6 janvier 2021 évoque également une immunité de longue durée. Or cette fois, il est question d’une mémoire immunitaire persistant plus de 8 mois après l’apparition des symptômes induits par le SARS-CoV-2. Les effecteurs de la mémoire immunitaire ont fait l’objet d’un suivi chez 188 patients, soit 80 hommes et 108 femmes. Les patients Covid-19 participants ont intégré trois groupes, celui des formes asymptomatiques, celui des symptômes modérés ainsi que celui des formes sévères de la maladie.

Rappelons au passage que la mémoire immunitaire apparaît après une première rencontre avec un agent pathogène, naturelle ou induite par un vaccin. Dès lors, certains effecteurs de l’immunité (anticorps neutralisants) tentent d’éliminer l’agent pathogène dés son arrivée et d’autres constituent un groupe de cellules mémoire plus en retrait. L’objectif ? Attaquer de manière plus rapide et plus efficace en cas de nouvelle infection.

masque
Crédits : PxHereon

Les réponses suffisamment fortes protègent

Les chercheurs ont observé les anticorps anti-SARS-CoV-2 circulants, dont la quantité est hétérogène entre les participants. Toutefois, ils ont découvert une stabilité de la quantité d’anticorps tout au long du suivi, soit entre 20 et 240 jours – suivant les patients – après les premiers symptômes. Après un mois, 98 % des patients ont été séropositifs concernant les anticorps anti-protéine S. Après 6 mois, la quantité d’anticorps a diminué, mais ils sont restés présents chez 90 % des volontaires. Ainsi, leur demi-vie a été évaluée à 103 jours, soit environ trois mois. En ce qui concerne les anticorps neutralisants, ces derniers sont toujours présents au-delà de 6 mois. Entre 6 et 8 mois, les chercheurs ont observé que 90 % des patients en avaient encore.

Les meneurs de l’étude ont également observé les cellules mémoire ainsi que les lymphocytes B, T CD8 et T CD4 spécifiques du coronavirus. Or, ces cellules apparaissent après les anticorps, environ un mois après l’apparition des symptômes de la maladie. Après 6 mois, 70 % des participants ont encore des lymphocytes T CD8 actifs contre le coronavirus (demi-vie de 125 jours) et 92 %, des lymphocytes T CD4 dont la demi-vie est de 94 jours. Par ailleurs, les lymphocytes B apparaissent encore plus tard, soit entre 4 et 5 mois après l’arrivée des symptômes. Selon les chercheurs, leur demi-vie n’a pas été évaluée, mais leur présence serait durable.

Enfin, comment expliquer les cas de réinfection après quelques semaines ou mois si l’immunité est d’au moins 8 mois ? Les scientifiques ont rappelé l’hétérogénéité dans les réponses immunitaires observées chez les patients de l’étude. Autrement dit, les réponses les moins fortes ne suffisent pas à constituer une protection face au virus.