Covid-19 : le « P4 de Wuhan », ce laboratoire de virologie financé par la France

Wuhan laboratoire P4
Le laboratoire de virologie de catégorie P4 à Wuhan (Chine). Crédits : Google Maps

Actuellement sous le coup d’une enquĂŞte des États-Unis, le laboratoire P4 de Wuhan est au centre d’une nouvelle polĂ©mique concernant le Covid-19. En effet, les suspicions vont bon train concernant une possible fuite du virus de ce laboratoire financĂ© par la France dans le cadre d’une collaboration.

La France apporte son soutien Ă  la Chine

Ce 17 avril 2020, France Info a publiĂ© une enquĂŞte Ă  propos du laboratoire P4 de l’Institut de virologie de Wuhan (Chine), le tout premier du pays. Or, il s’avère que ce lieu est en place depuis 2015 et que la France a grandement aidĂ© Ă  sa construction. Il s’agit du point culminant d’une volontĂ© de collaborer remontant Ă  2003, lorsque l’Ă©pidĂ©mie de SRAS impacte la Chine. Ă€ ce moment lĂ , le pays a besoin d’aide. C’est ainsi que la France et la Chine scellent une alliance dans le cadre de la lutte contre les maladies infectieuses Ă©mergentes.

Ă€ l’Ă©poque pourtant, certains experts français en guerre bactĂ©riologique s’insurgent contre cette idĂ©e. En effet, alors que le 11 septembre 2001 reste frais dans les esprits, il apparaĂ®t risquĂ© de permettre Ă  la Chine de se doter facilement d’un laboratoire de type P4. Rappelons au passage que « P4 » est synonyme de très haute sĂ©curitĂ© biologique. Toutefois, ces craintes s’estompent et un accord voir le jour en 2004.

La collaboration n’aura finalement pas lieu

En 2008, est mis sur pied un comitĂ© de pilotage mixte. Ă€ sa tĂŞte, le français Alain MĂ©rieux et le chinois Chen Zhu. En 2010, les travaux commencent, soutenus par une quinzaine de PME françaises. Finalement, l’essentiel de la construction est assurĂ©e par des sociĂ©tĂ©s chinoises. En 2015, le laboratoire est terminĂ© et peut potentiellement accueillir 250 chercheurs en rĂ©sidence. Très vite, la Chine reprend un contrĂ´le total sur le lieu, avec l’abandon de la coprĂ©sidence d’Alain MĂ©rieux.

Toutefois, les autoritĂ©s assurent que la coopĂ©ration se poursuivra. Malheureusement, il s’agit d’un trompe l’œil. En effet, la France s’engage en 2017 Ă  apporter son expertise technique et formatrice dans le cadre d’un programme de recherche commun. Finalement, ce projet ne se fera jamais. En rĂ©alitĂ©, depuis que le laboratoire est opĂ©rationnel, les chinois y travaillent sans aucun regard extĂ©rieur. Il s’agit donc d’un manque criant de transparence.

repliquer coronavirus
Crédits : capture YouTube / ABC NEws

Le Covid-19 échappé du laboratoire ?

En 2018, le laboratoire P4 entre officiellement en fonction et des officiels Ă©tasuniens le visitent. Ces derniers alerteront Washington sur le manque de mesures de sĂ©curitĂ© dans un lieu oĂą l’on Ă©tudie des coronavirus issus des chauves-souris. Depuis peu, les États-Unis enquĂŞtent sur ce laboratoire, après que des soupçons aient portĂ©s sur une possible Ă©chappĂ©e du Covid-19. Il se pourrait que le patient zĂ©ro soit un employĂ© de l’institut. Or, ce dernier aurait diffusĂ© – sans le savoir – l’agent pathogène dans la ville de Wuhan.

L’Institut de virologie de Wuhan indiquait en fĂ©vrier avoir reçu un Ă©chantillon du nouveau coronavirus le 30 dĂ©cembre 2019, dont le sĂ©quençage a Ă©tĂ© fait trois jours plus tard. Par ailleurs, l’OMS a Ă©tĂ© mise au courant le 11 janvier, ce qui a Ă©tĂ© confirmĂ© par l’organisation. De nombreux chercheurs soutiennent que le Covid-19 est nĂ© chez la chauve-souris, avant d’avoir Ă©ventuellement transitĂ© par un autre animal pour atteindre l’humain. Et pourtant, cette thĂ©orie concernant le laboratoire P4 nourri abondamment les suspicions. Ainsi, l’enquĂŞte menĂ©e par les États-Unis pourrait dans un avenir proche apporter des Ă©lĂ©ments de rĂ©ponse.