Covid-19 : la gravité de l’épidémie en France a-t-elle été surestimée ?

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Crédits : NIH Image Gallery / Flickr

La France approche de la barre des 100 000 décès en raison du coronavirus SARS-CoV2, ce qui en fait un des pays ayant le plus de morts par habitant. Toutefois, une étude récente estime que si l’on considère la surmortalité réelle, notre pays se situe bien en dessous de la moyenne.

La France, pas si mauvaise élève ?

Avec plus de 97 000 décès officiels liés à la Covid-19, la France occupe le huitième rang dans le classement des pays les plus impactés. En proportion, notre pays compte plus de 1 400 morts pour un million d’habitants contre environ 900 pour l’Allemagne et 750 pour la Grèce. La stratégie anti-Covid-19 de la France est-elle si peu efficace ? Selon une étude publiée par France Stratégie le 28 mars 2021, ce ne serait pas le cas. Ces travaux ont comparé la surmortalité réelle entre 2016-2017 et 2019-2020. Or, les résultats montrent que de nombreux pays sous-estiment leur nombre de décès.

Les auteurs de l’étude expliquent que le nombre officiel de morts Covid-19 est éloigné de la réalité dans certains pays. Les bilans en nombre de morts attribués à la Covid-19 sont quasiment inférieurs de moitié aux excédents de mortalité que l’on a constatés durant la première année de pandémie. En se basant sur la comparaison de la surmortalité (décès observés et ceux attendus), les chercheurs affirment que l’Europe est la seconde région du monde la moins touchée après l’Extrême-Orient. Par ailleurs, la France serait nettement moins touchée que la moyenne européenne.

Pour les besoins de l’étude, les responsables ont passé en revue la surmortalité constatée dans plus de 65 pays. Or, ces derniers regroupent environ 70 % des décès Covid-19 (chiffres OMS). Les scientifiques de l’étude indiquent que l’Amérique latine est la plus impactée du globe avec une surmortalité de 51,6 % en moyenne. Viennent ensuite le Proche et le Moyen-Orient avec une moyenne de 26,5 % ainsi que l’Amérique du Nord avec 23,2 %.

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Crédits : France Stratégie

Des raisons manquant de pertinence

La moyenne européenne se situe à 17,8 % et celle de la France, à 13,6 %. Cette constatation paraît assez surprenante, surtout que notre pays a une population plutôt âgée, et donc plus à risque. Pour Julien Rousselon, l’auteur de l’étude, la mention de certains facteurs pour expliquer ces différences manqueraient de pertinence. Il a pu être question d’un faux sentiment de sécurité causant une déresponsabilisation de la population en Allemagne (nombre de lits disponibles) et en Slovaquie (tests à grande échelle).

Dans le cas des pays les moins touchés comme le Canada ou Israël, il est davantage question d’une faible perméabilité des frontières ou de certaines spécificités géographiques (ex : insularité). Par ailleurs, d’autres pays ont certainement minimisé l’épidémie pour des raisons politiques. Certains états ont cependant été confrontés à des manques de moyens administratifs et/ou statistiques à l’origine de mauvaises estimations des chiffres.

Comme de nombreuses études, celle de France Stratégie a aussi ses limites. En effet, la surmortalité n’est pas seulement le fait de la Covid-19. Elle peut avoir un lien avec l’engorgement du système de santé et les conséquences psychiques à l’origine de plus faibles chances de survie pour les autres patients. Néanmoins, a également été observée une baisse de la mortalité en lien avec une réduction du nombre d’accidents. Citons également une incidence moins importante des autres maladies transmissibles.