Covid-19 : jusqu’à 8,5 % des patients infectés ne développeraient aucun anticorps !

covid coronavirus 2
Crédits : NIAID

La question de l’immunité des personnes guéries du Covid-19 est toujours assujettie à débat au sein de la communauté scientifique. Une récente étude ayant fait l’objet d’une pré-publication estime qu’une partie de ces patients n’a jamais développé d’anticorps !

Les anticorps liés à la réponse inflammatoire

Une bonne partie des patients atteints par le Covid-19 n’ont eu que de faibles symptômes et se sont aisément rétablis. Et pourtant, certains de ces individus n’auraient jamais développé d’anticorps. Cette conclusion est celle d’une étude britannique pré-publiée sur la plateforme medRxiv le 9 juin 2020. Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont analysé le taux d’anticorps ou immunoglobulines de type G (IgG) chez 177 patients, et ce sur une durée de deux mois. Par ailleurs, ceux-ci ont été déclarés positifs au Covid-19 au moyen d’un test PCR. Selon les résultats, entre 2 et 8,5 % des patients n’ont développé aucun d’anticorps !

L’étude indique que la production d’anticorps est proportionnelle à l’intensité des symptômes. Autrement dit, les patients ayant développé une infection sévère ont davantage de chances d’avoir développé des anticorps. Ce serait également le cas des personnes âgées, obèses et atteintes d’hypertension. En bas de l’échelle, nous retrouvons les personnes asymptomatiques. Pour les chercheurs, la réponse immunitaire pourrait donc être liée à la réponse inflammatoire. Il se pourrait également qu’une charge virale plus importante stimule davantage l’inflammation et la production d’anticorps.

covid-19
Crédits : PIRO4D/Pixabay

Plus difficile de découvrir un vaccin ?

En revanche, l’absence d’anticorps ne signifie pas forcément une absence d’immunité. Les chercheurs évoquent « des réponses immunitaires limitées à d’autres antigènes ou transmises par des cellules T ». Il faut dire qu’une autre étude (cette fois allemande) avait en avril 2020 évoqué une possible immunité croisée entre le rhume et le Sars-CoV-2 (Covid-19). Il se pourrait également que les infections bénignes concernaient seulement les cellules des muqueuses des voies respiratoires. Dans ce cas précis, les anticorps resteraient indétectables dans le système immunitaire global mais devraient être présents dans les selles.

Le débat continue de faire rage puisque l’étude britannique entre en contradiction avec une étude française de mai 2020, menée conjointement par l’Institut Pasteur et le CHU de Strasbourg. Ces recherches indiquaient que 98 % des patients atteints par le Covid-19 avaient développé des anticorps neutralisants. Au passage, insistons sur le fait que les trois études dont il est question dans cet article ont toutes été publiées sur la plateforme de pré-publication medRxiv. Ainsi, ces dernières doivent faire l’objet d’une validation par des pairs.

Évoquons également le fait que personne ne sait réellement quel taux d’anticorps est idéal pour une bonne immunité et combien de temps ces mêmes anticorps restent dans l’organisme. Quoi qu’il en soit, cet absence de consensus à ce sujet pourrait rendre encore plus difficile la mise au point d’un vaccin. En effet, un vaccin confère une immunité stérilisante mais n’empêche pas forcément une infection des voies respiratoires. Dans ce cas là, le vaccin pourrait seulement faire en sorte que les symptômes soient moins graves.