Covid-19 et immunité collective : le nombre de personnes touchées serait plus élevé qu’estimé

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Les tests sérologiques détectant la présence d’anticorps dans le sang permettent d’évaluer l’immunité. Or, ceux-ci ne sont pas parfaits si bien que certains cas passent inaperçus. Autrement dit, il semble que le nombre de personnes touchées par le coronavirus est plus élevé que ce que suggèrent les estimations.

Des tests imparfaits

Le taux d’immunité collective est un seuil à partir duquel une personne infectée ne peut pas transmettre le virus. En effet, ce dernier rencontre trop de sujets immunisés. Or, ce taux se situe entre 60 % et 70 % selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Bien que ce seuil soit sujet à controverse, il semble que nous en sommes encore très loin. Un avis du Conseil scientifique Covid-19 publié le 27 juillet 2020 explique que la première vague de coronavirus a touché 4,4 % de la population française. Dans certaines régions, ce taux avoisinerait les 10 %. Il faut savoir que le taux d’immunité se calcule sur la base des tests sérologiques. Or, cette méthode ne serait pas fiable selon un éditorial publié dans le British Medical Journal (BMJ) le 3 septembre 2020. Selon la publication, les études sous-estiment la véritable séroprévalence du SARS-CoV-2.

Aux États-Unis, la Food and Drugs Administration (FDA) a autorisé 24 tests sérologiques. Or, six d’entre-eux prennent en compte seulement le nucléocapside, c’est-à-dire l’enveloppe du virus. Il faut savoir qu’une prépublication datant de juin 2020 estime que la glycoprotéine de « pointe » permet une détection plus efficace. Actuellement donc, ces pointes circulant dans le sang et témoignant d’un contact avec le coronavirus ne seraient pas détectées.

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Crédits : NIAID

Les tests sérologiques font face à un autre problème. En effet, la plupart d’entre eux détectent seulement les anticorps de type IgG et IgM. Il s’agit des principaux composants circulant dans le sang. En revanche, les IgA joueraient un rôle primordial dans la réponse immunitaire. Malheureusement, ces IgA sont principalement présents dans les muqueuses des voies respiratoires et ne sont pas pris en compte. En tout cas, plusieurs études semblent aller dans ce sens. Citons par exemple un test mené au Luxembourg en mai 2020 estime que 11 % des personnes de l’échantillon possédaient des anticorps IgA contre 1,9 % pour les IgG.

D’autres formes d’immunité

Par ailleurs, il faut savoir que des variations non négligeables dans la réponse immunitaire existent selon les individus. Effectivement, certains patients ayant des symptômes, voire une forme grave de la maladie développent très peu d’anticorps. Une étude britannique publiée en juin 2020 estimait qu’entre 2 % et 8,5 % des patients infectés ne développent jamais d’anticorps. Néanmoins, il se pourrait que ces personnes soient protégées par une forme d’immunité reposant sur les lymphocytes T. Il serait également question d’une immunité croisée avec d’autres coronavirus du rhume.

En définitive, le nombre de personnes déjà infectées par la Sars-Cov-2 pourrait être plus élevé qu’estimé.