Les protéines S virales interagissent avec un récepteur cellulaire afin de permettre au SARS-CoV-2 de pénétrer dans nos cellules. Or, des chercheurs étasuniens ont mis en lumière une zone de cette protéine source d’espoir. En la modifiant, il serait possible de réduire l’intensité des interactions.
Agir sur une autre zone de la protéine S
Depuis l’apparition coronavirus SARS-CoV-2, la protéine S (de surface) est certainement l’élément le plus étudié de sa structure. Cette protéine se lie à l’enzyme de conversion de l’angiotensine 2 (ACE2), un récepteur permettant l’entrée du coronavirus dans une cellule hôte. Or, la protéine S comporte une zone particulière, le Receptor binding site (RBD). Celle-ci correspond à l’extrémité de la protéine directement en contact avec le récepteur ACE2.
Dans une étude parue dans la revue ACS Nano le 2 août 2020, des chercheurs de la Northwestern University (États-Unis) disent avoir identifié une autre zone intéressante de la protéine S. Celle-ci est très proche de la zone RBD (10 nanomètres). Selon les meneurs de l’étude, si cette nouvelle zone est modifiée, la liaison RBD-ACE2 pourrait être affaiblie.
Des résultats prometteurs
Les chercheurs évoquent un site de coupure polybasique, composé de trois arginines et d’une alanine lui conférant une charge globale positive pour une enzyme nommée « furine ». Or, cette coupure est nécessaire à l’activation de la fusion de l’enveloppe virale avec la membrane de la cellule hôte. Ainsi, les scientifiques ont effectué une comparaison entre le lien RBD-ACE2 concernant la protéine S de base avec deux mutants dont la coupure polybasique a été modifiée. Dans le cas du premier mutant, les scientifiques ont retiré les acides aminés du site polybasique. Pour le second, il est question du remplacement de deux de ces acides aminés.
Les résultats montrent une réduction des interactions RBD-ACE2 de 36 % concernant le premier mutant et de 20 % au niveau du second. Ceci a permis de comprendre que modifier une partie de la protéine S hors RBD permet aussi d’influer sur la capacité de la protéine à infecter nos cellules ! Étant donné la qualité des résultats obtenus par les chercheurs, ceux-ci pensent qu’il faut cibler ce site polybasique de manière thérapeutique. Les scientifiques ont d’ailleurs synthétisé un petit peptide composé de quatre acides aminés chargés négativement. Les résultats sont prometteurs puisqu’il est question d’une réduction de 41 % des liaisons hydrogène. Ainsi, ceci pose la base d’un traitement fragilisant le lien RBD-ACE2.
En revanche, il faut savoir que pour l’instant, ces recherches restent théoriques. En effet, aucun test n’a été pratiqué in vitro. Les chercheurs en sont seulement au stade de supposer que la fragilisation des interactions entre le RBD et ACE2 puisse amoindrir l’infectiosité du coronavirus.