Covid-19 : des « cellules anormales » à l’origine des lésions pulmonaires

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Une étude britannique a récemment montré que le génome du coronavirus SARS-CoV-2 est présent dans les poumons des patients décédés. Au cours des autopsies qu’ils ont pratiquées, les chercheurs ont ainsi mis en évidence des anomalies dans les cellules de l’appareil pulmonaire.

Des cellules pulmonaires anormales

Dans certains cas, les patients présentent des symptômes plusieurs mois après avoir été infectés par le SARS-CoV-2. On parle alors de formes longues de la maladie qui peuvent par exemple se caractériser par des troubles neurologiques ou cognitifs, des troubles sensoriels ainsi que des troubles cardiologiques et/ou dyspnées (gênes respiratoires). Évoquons également la fatigue chronique persistante ou encore les douleurs musculaires et articulaires.

Mais comment expliquer ces formes longues ? Certaines hypothèses ont été formulées, mais une étude du King’s College publiée le 4 novembre 2020 apporte de nouvelles précisions. Les chercheurs ont analysé les organes de 41 patients ayant perdu la vie en raison du coronavirus entre les mois de février et avril 2020. Ils ont prélevé des échantillons de foie, de cœur, de poumon et de rein afin d’observer le comportement du virus. En fonction des résultats obtenus, ils en ont conclu que les patients subissent une perturbation profonde de la structure pulmonaire normale. Il est également question d’une transformation du tissu respiratoire en tissu fibreux.

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Des recherches qui se poursuivent

Les scientifiques de l’étude indiquent que 90% des patients ont présenté deux caractéristiques uniques au coronavirus en comparaison aux autres formes de pneumonie. Citons tout d’abord la thrombose, c’est-à-dire une coagulation sanguine importante au sein des artères et des veines pulmonaires. Évoquons également la taille anormalement grande de certaines cellules pulmonaires. Ces dernières avaient de nombreux noyaux, témoignant d’une fusion de différentes cellules en de grandes cellules uniques. À l’origine de ce phénomène, nous retrouvons la protéine à pointe que le virus utilise pour pénétrer dans les cellules.

L’étude a également démontré une persistance à long terme du génome viral dans les cellules respiratoires, les cellules des vaisseaux sanguins et celles issues de la fusion cellulaire décrite précédemment. Ainsi, la présence de ces cellules infectées peut provoquer des modifications structurelles majeures au niveau des poumons. Celles-ci peuvent s’installer pendant plusieurs semaines ou mois et donc, causer une forme longue de Covid-19. L’étude n’a en revanche découvert aucun autre signe d’infection virale ou d’inflammation prolongée dans d’autres organes.

En tout cas, ces recherches représentent une véritable avancée. Effectivement, la maladie semble ne pas être seulement causée par la mort de cellules infectées par le virus. Il se pourrait donc que la persistance des cellules anormales pendant de longues périodes à l’intérieur des poumons fasse partie des causes. Les scientifiques poursuivent leurs recherches et testent actuellement l’effet de ces cellules anormales sur la coagulation sanguine et l’inflammation. L’objectif ? Découvrir un médicament capable de bloquer la protéine de pointe virale provoquant la fusion des cellules.