L’ONG Amnesty International a récemment publié un rapport édifiant sur l’accès mondial aux vaccins contre la Covid-19. Or, cet accès serait tout simplement monopolisé par les pays riches, avec la complicité des fabricants. L’organisation dénonce une « crise des droits humains sans précédent ».
Une situation préoccupante
Selon Our World in Data, 43 % de la population mondiale a reçu au moins une dose de vaccin contre le SARS-CoV-2. Or, les vaccinés mondiaux dans les pays les moins aisés représentent seulement 2 %. Dans un article publié par l’agence de presse Reuters en juin 2021, le Dr John Nkengasong chef du CDC africain affirmait que l’Afrique avait besoin d’un accès rapide aux vaccins. Selon l’intéressé, le continent est encore très loin de gagner la bataille contre le coronavirus. Le dispositif COVAX censé assurer la redistribution de doses pour au moins 20 % de la population de chaque pays semble défaillant.
Par ailleurs, l’OMS avait tenté de réagir en proposant (en vain) aux différents pays de repousser les 2e et 3e doses afin de favoriser une redistribution dans les pays les plus pauvres. Dans son rapport du 22 septembre 2021, l’ONG Amnesty International parle d’une «crise des droits humains sans précédent».
La faute aux fabricants et aux États
La responsabilité de cette situation reposerait à la fois sur les gouvernements et les sociétés pharmaceutiques. En ce qui concerne les fabricants de vaccins, l’ONG estime que ceux-ci auraient dû distribuer les doses de façon équitable au monde entier. En parallèle, l’idéal aurait été de prendre des mesures ayant pour but d’accélérer la production. Finalement, la priorité a été donnée aux pays riches dans une logique commerciale. Ainsi, les fabricants auraient agi sans vraiment tenir compte du respect des droits humains. Les sociétés Pfizer, Moderna et Johnson & Johnson ont livré plus de la moitié des doses produites dans les pays au plus forts revenus – AstraZeneca faisant exception. Les pays pauvres verront les doses promises arriver en 2022 via le dispositif COVAX. Néanmoins, Amnesty International estime que de nouvelles flambées meurtrières auront lieu d’ici là.
Se pose aussi la question de la propriété intellectuelle, que les sociétés en question n’ont pas voulu partager. Il en va de même pour la technologie et le savoir-faire. En partageant cela avec d’autres sociétés, les soucis de production et de livraison ne se seraient jamais posés. Autrement dit, la coopération scientifique effective lors de l’élaboration des vaccins s’est arrêtée dès lors que la commercialisation a débuté. Évidemment, le problème trouve également à sa source les états les plus riches. Ces derniers ont acheté la quasi-intégralité des stocks et se sont donc approprié les doses.
Afin de dépasser ces inégalités, Amnesty International propose de livrer pas moins de 2 milliards de doses aux pays les plus pauvres, et ce dans les 100 jours restant avant la fin de cette année. Il s’agira pour les sociétés de suspendre leurs droits de propriété intellectuelle ou d’accorder des licences non exclusives, ouvertes et mondiales. Elles pourraient également participer au C-TAP, à savoir le groupement d’accès aux technologies contre la Covid-19. Enfin, l’ONG recommande également la mise en place d’une vraie politique de tarification équitable et d’une priorité quant à l’augmentation de l’accès aux vaccins dans les zones du globe les moins riches.