Comment les courants océaniques influencent-ils le climat européen ?

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Une récente analyse de sédiments récoltés dans les fonds marins nous révèle aujourd’hui le rôle influent des courants de circulation de l’Atlantique Nord dans le contrôle du climat européen au cours des 3 000 dernières années.

Des climats plus chauds de l’époque romaine, où les vignobles prospéraient en Angleterre, aux conditions plus froides qui ont conduit à l’échec des récoltes, la famine et aux pandémies au début du Moyen Âge, le climat européen a particulièrement varié au cours des trois derniers millénaires. Des échantillons de sédiments prélevés dans le fond océanique de l’océan Atlantique Nord ont donné aux chercheurs un aperçu sans précédent des raisons pour lesquelles ce climat avait tant varié.

Des chercheurs de l’Université de Cardiff, en Irlande du Nord, ont étudié les restes fossiles de plancton enfouis dans les sédiments de l’Atlantique, permettant de retracer les fluctuations du climat au cours de ces 3 000 dernières années. Ils expliquent dans la revue Nature Communication avoir découvert que durant les périodes plus « froides », les eaux glaciales de l’Arctique coulaient vers le sud en passant par la mer du Labrador, dans l’Atlantique Nord, altérant les courants de circulation océanique et ralentissant potentiellement les courants qui transportent la chaleur vers l’Europe.

« L’eau de mer peut retenir plus de chaleur que l’air, elle peut donc agir comme un grand radiateur de stockage, permettant de stocker et de transporter de grandes quantités de chaleur, ce qui est essentiel pour moduler notre climat », explique le Dr Paola Moffa-Sanchez, de l’École des sciences de la terre et de l’océan de l’Université de Cardiff. « La distribution des eaux dans l’Atlantique Nord a visiblement eu un impact sur le transport de la chaleur vers l’Europe ».

Se basant sur les données contenues dans de minuscules coquilles de plancton fossiles et dans les sédiments récoltés, les chercheurs ont ainsi pu établir un rapport sur les conditions océaniques passées et relier ensuite celles-ci aux données historiques, indiquant que le climat européen était en moyenne plus froid ou plus chaud, à telle ou telle époque. Par exemple, les chercheurs ont pu relier un ralentissement des courants de l’Atlantique Nord à une période de froid notoire, souvent appelée « le Petit Âge Glaciaire », qui a enserré l’Europe entre 1300 et 1850. De même, les chercheurs ont identifié un autre ralentissement des courants de l’Atlantique Nord en même temps qu’une période de froid extrême au 6e siècle, qui a notamment conduit à des récoltes infructueuses et à des famines répandues dans le monde entier. On pense également que c’est à cette époque que s’est propagée la peste de Justinien, l’une des pandémies les plus meurtrières de l’histoire de l’humanité qui a coûté la vie à près de 50 millions de personnes.

« Notre étude montre l’importance de l’océan sur notre climat. Nous avons été en mesure de relier nos résultats aux archives historiques et de fournir une explication derrière certains des effets significatifs que le climat a eus sur la population européenne », explique le professeur Ian Hall, qui a participé à l’étude. Plus récemment, en raison du réchauffement climatique, l’Atlantique intègre plus d’eau douce provenant de la fonte des glaces arctiques, ce qui affecte le mouvement des eaux de l’Atlantique Nord. Doit-on alors s’attendre à un changement drastique du climat européen au cours de ces prochaines années ?

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