Une équipe de chercheurs annonce avoir identifié d’anciens ossements humains enterrés il y a des milliers d’années dans une grotte du sud de l’Espagne qui montrent des signes de manipulation. Les découvertes comprennent un tibia humain utilisé comme outil et une coupe fabriquée à partir d’un crâne humain. Les chercheurs ont également peut-être identifié des preuves de consommation de restes humains lors d’éventuels épisodes de cannibalisme.
Une grotte exceptionnelle
La « Cueva de los Mármoles » est une grotte située en Espagne. Vous la retrouverez à environ 70 kilomètres au sud-est de Cordoue, dans la province de Jaén, en Andalousie. Les chercheurs y ont découvert plusieurs sépultures anciennes depuis les années 1930, suggérant que le site a été occupé par des humains à différentes époques.
Cela étant dit, de nouveaux ossements examinés récemment permettent aux anthropologues de glaner des informations essentielles sur les peuples préhistoriques de la région. Ces travaux d’analyses ont été menés par des chercheurs de l’Université de Berne, en Suisse, et de l’Université de Cordoue, en Espagne.
Pour cette étude publiée dans PLOS One, l’équipe s’est concentrée sur une douzaine de sépultures fouillées entre 1998 et 2018. Parmi elles figurent les restes de sept adultes et de cinq enfants. Tous ont été enterrés entre le cinquième et le deuxième millénaire av. J.-C..
L’analyse microscopique de ces os a révélé que beaucoup d’entre eux présentaient des signes de fracture intentionnelle. Pour les chercheurs, ces humains cherchaient peut-être à consommer leur moelle, considérée comme une source précieuse de nutriments. L’équipe a également trouvé un tibia dont le travail de polissage laisse penser qu’il pourrait avoir été utilisé comme une sorte d’outil primitif.

Un crâne humain transformé en coupe ?
Cependant, l’un des objets les plus intéressants de cette étude est probablement cette fameuse « coupe » fabriquée à partir d’un crâne humain. Celui-ci appartenait à un homme âgé de 35 à 50 ans au moment de sa mort. D’après les analyses, les habitants de la grotte auraient intentionnellement séparé le crâne de sa partie inférieure en fracturant l’os sur ses bords. Ils auraient ensuite gratté le crâne pour en retirer toute chair.
Dans son étude, l’équipe rappelle que des coupes similaires ont été découvertes sur d’autres sites du sud de l’Espagne. Les chercheurs avancent que ces crânes ont été travaillés de manière à pouvoir accéder au cerveau afin de le consommer. Toutefois, certains d’entre eux portent des marques caractéristiques suggérant qu’ils pourraient avoir été utilisés comme récipients à boire.

L’une des questions que se posent encore les chercheurs est de savoir si ces humains préhistoriques étaient conscients qu’ils réutilisaient des os d’autres humains. Il sera néanmoins difficile de répondre à cette interrogation dans la mesure où le site a été occupé épisodiquement sur plusieurs périodes. Si tel est effectivement le cas, une autre question intrigante concernerait alors les éventuels facteurs pratiques et symboliques qui sous-tendaient ces coutumes.