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La feinte de mort est l'acte de faire le mort pour dissuader les prédateurs de s'échapper. Crédit : Matt Jeppson

Ces couleuvres mettent en scène leur propre mort de manière théâtrale

Dans le monde animal, la survie est souvent une question de ruse et d’adaptabilité. Face à des prédateurs redoutables, certains animaux ont notamment développé des stratégies étonnantes pour échapper à la prédation. L’une d’entre elles, la simulation de mort, ou thanatose, est une tactique ingénieuse utilisée par diverses espèces pour tromper leurs prédateurs. Récemment, des chercheurs ont découvert que les couleuvres tesselées utilisaient aussi cette stratégie. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils s’en donnent les moyens.

Simuler la mort : une stratégie de survie

La simulation de mort, ou thanatose, est un comportement largement répandu dans le règne animal. De nombreux insectes, poissons, amphibiens, reptiles, oiseaux et mammifères ont en effet recours à cette tactique pour échapper à la prédation. L’idée sous-jacente est de faire croire au prédateur que l’animal est mort, ce qui peut dissuader l’attaquant ou donner à la proie une chance de s’échapper.

L’opossum de Virginie (Didelphis virginiana) est par exemple connu pour utiliser cette technique. En cas de besoin, l’animal peut se figer et même déféquer ou baver pour ajouter à l’illusion de sa propre mort.

Lorsqu’il est attaqué, le scarabée bombardier (Brachinus) peut quant à lui notamment produire une réaction chimique dans son abdomen qui génère de la chaleur, créant ainsi une explosion sonore et une expulsion de produits chimiques irritants pour ses prédateurs. Après cette réaction, le scarabée tombe souvent sur le dos et reste immobile, donnant l’impression qu’il est mort.

Les couleuvres tessellées : maîtres de la simulation de mort

Dans une récente étude publiée dans la revue Biology Letters, des chercheurs ont révélé comment les couleuvres tessellées (Natrix tessellata) utilisent aussi la simulation de mort pour échapper à leurs prédateurs. Lorsqu’ils se sentent menacés, ces serpents expulseraient des matières fécales et du musc avant de se mettre sur le dos pour feindre la mort. Certaines de ces couleuvres iraient même jusqu’à saigner de la bouche, probablement dans l’espoir de paraître moins appétissants pour leurs prédateurs.

Ces observations ont été faites auprès d’une population de serpents-dés sur l’île de Golem Grad, en Macédoine du Nord.

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Portrait de la Couleuvre tessellée. Crédits : Andreas Meyer

Notez que ces serpents, qui peuvent mesurer jusqu’à 1,2 mètre, ne possèdent pas de défenses venimeuses, ce qui les rend vulnérables aux prédateurs plus grands. En combinant l’expulsion de matières fécales et de musc avec la simulation de mort, ils peuvent alors donner l’impression d’être une carcasse en décomposition plutôt qu’une proie fraîche, ce qui peut dissuader les prédateurs ou leur faire perdre leur appétit.

Selon Vukašin Bjelica, biologiste à l’Université de Belgrade, et principal auteur de l’étude, les différences individuelles de personnalité peuvent influencer la propension des serpents à adopter ce comportement. Les plus audacieux d’entre eux peuvent être plus enclins à prendre des risques, tandis que les plus timides peuvent éviter la simulation de mort pour minimiser les dangers.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.