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La couleur bleue n’a été perçue que tardivement par les humains

Crédits : freenaturestock

Si aujourd’hui nous n’avons aucun mal à distinguer le bleu ainsi que ses différentes nuances des autres couleurs, il n’en a pas toujours été ainsi. En réalité, ce n’est que très tard que l’humain a été conscient de cette teinte primaire, lorsque les mots pour l’exprimer sont apparus.

Le langage conditionne énormément la perception du monde de l’individu, même pour les concepts les plus simples, comme la couleur bleue, une couleur primaire apparue finalement assez tard dans le langage humain, et donc dans sa perception. Un constat que William Gladstoned a été l’un des premiers à faire, en 1858, lorsqu’il a voulu démontrer les différences de perception entre nos ancêtres et nous-mêmes.

Pour cela, il a effectué une analyse poussée de « L’Odyssée » d’Homère, qui aurait été composée à la fin du VIIIè siècle avant J.C, et considérée comme l’un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature et comme l’un des poèmes fondateurs (avec l’Iliade) de la civilisation européenne. Chacun des passages descriptifs présents dans l’œuvre a été minutieusement analysé par le savant britannique, qui a ainsi constaté que la couleur bleue n’y est jamais évoquée. Le noir (200 fois), le blanc (100 fois), le rouge (15 fois), le jaune et le vert (une dizaine de fois chacun) sont eux largement évoqués, et dans l’ouvrage, la mer est décrite comme « sombre comme du vin ».

Un philosophe, Lazarus Geiger, s’est appuyé sur ces travaux de Gladstoned et a approfondi les recherches sur d’autres textes anciens pour un même constat, la couleur bleue n’est évoquée que très tard dans l’histoire. En réalité, les Égyptiens sont la seule civilisation antique à l’avoir évoquée, et fut la première à en produire des pigments.

Pour beaucoup, si la perception du bleu n’est apparue que très tard dans l’histoire, c’est parce qu’aucun mot n’était employé pour exprimer ce concept. Tant qu’une population n’a pas de mot pour exprimer un concept, elle peut difficilement reconnaître son existence. Jules Davidoff, chercheur en linguistique, a voulu vérifier cette théorie auprès de la tribu des Himbas, en Namibie, un peuple qui n’a pas de mot pour désigner la couleur bleue. Aux personnes de cette population, il a été présenté un diagramme comprenant 10 carrés verts et un carré bleu, disposés en cercle, puis demandé de repérer le carré différent.

Résultat, la confusion fut générale, la plupart des Himbas n’ayant pas réussi à trouver le carré bleu. En revanche, quand un second diagramme leur a été présenté, avec un carré vert d’une nuance différente des autres à la place du carré bleu, tous les participants ont été unanimes et l’ont de suite repéré. Une unanimité qui tient du fait que chez les Himbas, de nombreux mots existent pour désigner le vert et toutes ses nuances. Pour Jules Davidoff, la théorie se vérifie, si un mot n’existe pas pour désigner une couleur, il nous est très difficile de la percevoir, même si l’œil est probablement capable de la voir.

Sources : Business Insider, maxisciences