Le corps de mammouth le mieux préservé livre un nouveau secret

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Yuka le mammouth. Crédits : Cyclonaut/wikipédia

En 2010, la découverte exceptionnelle du corps presque intact d’un jeune mammouth laineux en Sibérie a marqué un tournant dans les recherches paléontologiques. Nommée Yuka, cette femelle a récemment captivé les chercheurs du monde entier en révélant des preuves inattendues témoignant d’une présence humaine dans l’Arctique il y a près de 39 000 ans.

Des marques de coupures intrigantes

Yuka, découverte dans l’extrême nord de la Sibérie, était âgée de six à neuf ans au moment de sa mort. Elle a probablement été tuée par des lions des cavernes, des prédateurs redoutables de l’époque. Après sa mort, son corps aurait gelé rapidement, sans doute après être tombé dans un lac, permettant ainsi à ses restes de rester presque intacts pendant près de 40 000 ans. Ce processus de conservation naturelle aura offert aux scientifiques une rare opportunité d’étudier un spécimen presque complet d’un mammouth laineux, une espèce emblématique de la dernière période glaciaire.

Lors des premières analyses, les chercheurs ont été surpris de trouver encore du sang liquide dans les veines de l’animal, une découverte quasi miraculeuse. Certains noyaux cellulaires de Yuka auraient même montré des signes d’activité biologique. Ces caractéristiques avaient alors suscité des débats sur la possibilité de cloner un mammouth laineux et de ressusciter cette espèce disparue depuis des milliers d’années.

Plus récemment, le corps d’une jeune femelle a révélé une autre surprise. Lors d’examens minutieux, les chercheurs ont en effet repéré des incisions longues d’un mètre dans le dos de l’animal, ainsi que des coupures autour de ses orbites. Ces traces ont immédiatement soulevé une question cruciale : étaient-elles le résultat d’attaques animales ou avaient-elles été réalisées par des humains ?

Une présence humaine il y a près de 40 000 ans

Pour répondre à cette question, une équipe internationale de chercheurs a mené une série d’expériences en laboratoire. Ils ont comparé les coupures sur la peau de Yuka avec celles obtenues sur des morceaux de peau de vache et d’un autre mammouth en utilisant des outils en pierre et des couteaux en métal. Les résultats ont rapidement été clairs : les marques sur Yuka étaient très différentes de celles causées par des attaques animales. En revanche, elles ressemblaient fortement aux incisions produites par des outils en pierre.

Les chercheurs ont ainsi conclu que ces coupures avaient été réalisées par des Hommes préhistoriques, peu après la mort de Yuka, probablement pour découper l’animal et en extraire la viande avant qu’il ne soit congelé. Les outils utilisés pour ces incisions étaient faits de silex, une matière couramment employée par les humains de cette époque.

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Crédits : Denis-Art/istock

Les marques de coupe sur la peau de Yuka fournissent ainsi la plus ancienne preuve de la présence humaine dans l’Arctique, il y a 39 000 ans. Ces traces d’activité humaine montrent que des Hommes ont non seulement pénétré cette région extrême du globe bien plus tôt qu’on ne le pensait, mais qu’ils y chassaient activement les mammouths pour leur survie.

Cette avancée scientifique apporte donc un éclairage inédit sur les capacités d’adaptation des humains préhistoriques face aux rigueurs des environnements polaires. Elle poussera également les scientifiques à reconsidérer les théories sur la migration et la présence des premiers humains dans des régions aussi éloignées.

L’étude est publiée dans le Journal of Archaeological Science: Reports.