Les ruines de PompĂ©i ont rĂ©vĂ©lĂ© une multitude de trĂ©sors archĂ©ologiques, ouvrant une fenĂŞtre unique sur la vie quotidienne de l’Ă©poque. Parmi les dĂ©couvertes les plus fascinantes figurent les « corps de pierre » qui sont en quelque sorte des silhouettes figĂ©es dans le temps par la catastrophe volcanique. Ces structures offrent un tĂ©moignage poignant des derniers moments des habitants de PompĂ©i, mais de quoi s’agit-il prĂ©cisĂ©ment ?
La catastrophe de Pompéi
Le 24 aoĂ»t de l’An 79, le VĂ©suve, un volcan situĂ© près de la baie de Naples en Italie, connaĂ®t une Ă©ruption majeure. Son sommet est projetĂ© en l’air, libĂ©rant une immense quantitĂ© de cendres, de gaz et de roches brĂ»lantes dans l’atmosphère. Les nuĂ©es ardentes, un mĂ©lange mortel de gaz chauds, de cendres et de fragments rocheux en fusion, se dĂ©placent alors rapidement, dĂ©valant les flancs du volcan pour atteindre les villes environnantes, dont PompĂ©i, alors florissante et prospère.
Les cendres s’accumulent alors, ensevelissant la ville et ses habitants sous plusieurs mètres de matĂ©riaux incandescents. Ceux qui ne sont pas morts sous le poids des cendres finiront Ă©touffĂ©s ou asphyxiĂ©s par les gaz toxiques.
La redĂ©couverte d’une PompĂ©i « figĂ©e dans le temps » au 18e siècle aura ensuite permis aux archĂ©ologues et historiens de reconstruire une image dĂ©taillĂ©e de la vie quotidienne dans la Rome antique. Ces fouilles ont mis au jour des rues pavĂ©es, des maisons richement dĂ©corĂ©es, des thermes, des amphithéâtres et des fresques murales magnifiques, nous offrant un aperçu prĂ©cieux de cette ancienne sociĂ©tĂ©. RĂ©cemment, des chercheurs sont mĂŞme tombĂ©s sur une tortue.
De nos jours, PompĂ©i attire Ă©galement des millions de touristes chaque annĂ©e. Parmi les structures les plus visitĂ©es figurent les fameux corps « de pierre » de plusieurs personnes prises au piège. Beaucoup les imaginent alors paniquĂ©es, tentant de se sauver, pour finalement succomber aux retombĂ©es volcaniques. Sauf qu’en rĂ©alitĂ©, ce ne sont pas vraiment des corps. D’ailleurs, si vous aviez visitĂ© le site avant les annĂ©es 1800, ces « statues » n’auraient pas encore Ă©tĂ© prĂ©sentes.

Des moulages en plâtre des lieux où se trouvaient autrefois les corps
Nous devons ces structures à Giuseppe Fiorelli (1823-1896), un archéologue et épigraphiste italien.
Fiorelli, nommĂ© inspecteur en chef du site archĂ©ologique de PompĂ©i en 1863, avait immĂ©diatement commencĂ© Ă mettre en place des mesures permettant d’amĂ©liorer la prĂ©servation et l’Ă©tude de ces ruines. Il est notamment connu pour avoir instaurĂ© un système de numĂ©rotation des maisons et des rues et organisĂ© le site en secteurs, facilitant ainsi l’analyse et l’interprĂ©tation des donnĂ©es.
Cela Ă©tant dit, alors que les excavateurs du 19e siècle se frayaient un chemin Ă travers les couches de dĂ©bris et de cendres qui recouvraient le site, ils ont commencĂ© Ă remarquer quelque chose d’Ă©trange : une sĂ©rie de trous et de cavitĂ©s distincts au sol, contenant parfois des restes humains. Ils ont dĂ©couvert que ces puits avaient Ă©tĂ© creusĂ©s par les corps des victimes autour desquels s’Ă©tait refroidie la lave en fusion. Par la suite, ces corps s’Ă©taient finalement dĂ©composĂ©s.
Avec son Ă©quipe, Giuseppe Fiorelli a alors eu l’idĂ©e de couler du plâtre dans ces cavitĂ©s pour crĂ©er des moulages de ces corps, permettant ainsi de mieux comprendre les conditions de leur mort et leur positionnement dans les ruines. Ă€ l’Ă©poque, la technique Ă©tait ingĂ©nieuse.
Par conséquent, les « statues de pierre » visibles sur le site ne sont autres que ces moulages, et non les corps eux-mêmes.