CoRoT-2 b, l’exoplanète qui déroute les astronomes

Crédits : Wikimedia Commons / NASA / CXC / M. Weiss

CoRoT-2b, située à 930 années-lumière de la Terre, déroute les astronomes. En effet, des vents allant d’est en ouest semblent balayer cette exoplanète. Or cela signifie qu’ils parcourent cette dernière dans un sens qui est contraire aux planètes similaires. 

Les « Jupiter chauds » sont des exoplanètes dépassant souvent la masse de Jupiter, mais orbitant très près de leur étoile. Ainsi, à l’instar de la Lune avec la Terre, ces objets ne présentent qu’une seule face à leur étoile. Le point substellaire (le point le plus proche de l’étoile) devrait être toujours le plus chaud. Du moins logiquement, mais il s’avère que ce point est décalé vers l’est pour la plupart des Jupiter chauds. Cela est notamment dû aux forts vents parallèles au niveau de l’équateur. CoRoT-2b, elle, déroute les chercheurs car le point chaud se trouve dans la direction opposée : à l’ouest du centre. Les résultats de cette étude sont rapportés dans la revue Nature Astronomy.

Si d’autres Jupiter chauds ont été détectés ces dernières années, CoRoT-2b continue d’intriguer les astronomes pour deux choses : sa taille gonflée et le spectre déroutant des émissions de lumière de sa surface. « Ces deux facteurs suggèrent qu’il se passe quelque chose d’inhabituel dans l’atmosphère de ce Jupiter chaud », explique Lisa Dang, doctorante à l’Université McGill (Canada) et auteure principale de cette étude. S’appuyant sur la caméra infrarouge du télescope spatial Spitzer pour observer la planète pendant qu’elle accomplissait une orbite autour de son étoile hôte, les chercheurs ont ici pu cartographier la luminosité de la surface de la planète pour la première fois, révélant ce point chaud tourné vers l’ouest.

Trois explications possibles sont ici avancées, et chacune d’entre elles soulève de nouvelles questions. La planète pourrait par exemple tourner si lentement qu’une rotation prendrait finalement plus de temps qu’une orbite complète de son étoile. Cela pourrait créer des vents soufflant vers l’ouest plutôt que vers l’est – mais cela nuirait aussi aux théories sur l’interaction gravitationnelle de la planète-étoile dans des orbites aussi serrées. L’atmosphère pourrait également interagir avec le champ magnétique de la planète pour modifier son modèle de vent : cela pourrait fournir une occasion rare d’étudier le champ magnétique d’une exoplanète. Enfin, des nuages situés à l’est pourraient fausser les données récoltées par Spitzer en filtrant les émissions électromagnétiques.

« Nous aurons besoin de meilleures données pour faire la lumière sur les questions soulevées par notre découverte », explique la chercheuse. « Heureusement, le télescope spatial James Webb, dont le lancement est prévu l’année prochaine, devrait être capable de s’attaquer à ce problème : armé d’un miroir 100 fois plus puissant que Spitzer, il devrait nous fournir des données comme jamais auparavant. »

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