Coronavirus : les pangolins pourraient avoir joué les intermédiaires

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Crédits : Wikipédia

Le pangolin, l’animal le plus braconnĂ© au monde, pourrait avoir jouĂ© le rĂ´le d’hĂ´te intermĂ©diaire dans la propagation du nouveau coronavirus.

Le pangolin est un animal très prisĂ© en Chine comme au Vietnam. Ses Ă©cailles et sa chair sont supposĂ©es avoir de multiples propriĂ©tĂ©s mĂ©dicinales, comme tonifier la circulation sanguine ou amĂ©liorer la libido. Proposer du pangolin Ă  ses convives est Ă©galement perçu comme un symbole de rĂ©ussite sociale et d’hospitalitĂ© dans ces deux pays. On estime aujourd’hui que plus d’un million de ces petits animaux ont Ă©tĂ© vendus illĂ©galement au cours de la dernière dĂ©cennie.

Malheureusement l’animal n’a aucun moyen de dĂ©fense… ou presque, malgrĂ© lui. Selon une rĂ©cente Ă©tude menĂ©e par des chercheurs de l’UniversitĂ© d’agriculture du sud de la Chine, cette espèce pourrait en effet avoir jouĂ© un rĂ´le crucial dans la transmission du coronavirus Ă  l’Homme.

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Des écailles de pangolin confisquées et détruites au Cameroun en 2017. Crédits : Wikipédia

Hôte intermédiaire

Une espèce qui héberge un virus sans être malade et peut le transmettre à d’autres espèces est appelée « réservoir ». Dans le cas du nouveau coronavirus 2019n-CoV, il s’agit très probablement de la chauve-souris, déjà impliquée dans la transmission du SRAS en 2002/2003. Selon une récente étude, les génomes de ce virus et de ceux qui circulent chez cet animal sont en effet identiques à plus de 96 %.

En revanche, chez la chauve-souris, le virus ne dispose pas de rĂ©cepteurs lui permettant de se « fixer » sur un hĂ´te humain. Autrement dit, pour infecter l’Homme, le coronavirus 2019n-CoV a forcĂ©ment dĂ» passer par un intermĂ©diaire. Au dĂ©but de l’Ă©pidĂ©mie, tous les regards se sont alors tournĂ©s vers les serpents.

De nombreuses espèces de serpents – qui chassent les chauves-souris – sont en effet capturĂ©es et vendues en Chine pour ĂŞtre consommĂ©es. Par ailleurs, les premiers rapports des autoritĂ©s sanitaires avaient confirmĂ© la prĂ©sence de plusieurs de ces espèces de serpents sur le marchĂ© de Wuhan, considĂ©rĂ© alors comme le foyer de l’Ă©pidĂ©mie.

NĂ©anmoins, il semblait ensuite improbable d’imaginer que ce virus puisse s’adapter Ă  la fois Ă  des hĂ´tes Ă  sang froid et Ă  sang chaud. L’hypothèse des serpents a donc rapidement Ă©tĂ© balayĂ©e.

Un génome identique à 99%

Depuis, les analyses se sont donc poursuivies. Et visiblement, nous avons un nouveau « coupable ». Après avoir testé plus d’un millier d’échantillons provenant d’animaux sauvages, les chercheurs ont en effet déterminé que le génome des séquences de virus prélevés sur les pangolins étaient identiques à 99 % à ceux trouvés sur des patients humains infectés.

Dans son communiquĂ©, l’universitĂ© ne donne toutefois pas plus de dĂ©tails. On ne sait pas, par exemple, comment le virus pourrait Ă©ventuellement passer d’une chauve-souris Ă  un pangolin, qui se nourrit principalement de fourmis et de termites.

On rappelle que le dernier bilan de l’épidémie communiqué par les autorités chinoises fait état de près de 31 000 cas pour 638 décès.

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