Alors que toute l’Italie est désormais concernée par les mesures de confinement, dans les hôpitaux de Lombardie la situation semble vraiment se compliquer.
Il y a quelques heures encore, seul un quart de la population italienne était placé en confinement pour tenter d’endiguer la propagation du coronavirus Covid-19. Mais alors que le bilan continue de s’alourdir (463 morts et plus de 9 000 cas au dernier recensement), c’est désormais toute la péninsule qui est concernée, selon un décret signé ce mardi par le chef du gouvernement italien Giuseppe Conte.
À partir de ce jour, et jusqu’au 3 avril prochain (pour le moment), tous les Italiens devront donc « éviter les déplacements », sauf pour aller travailler, se ravitailler ou encore pour des soins médicaux. Notez que ces nouvelles mesures ne prévoient pas « de limiter les transports publics, afin de garantir la continuité » de l’activité économique « et de permettre aux gens d’aller travailler », a assuré Giuseppe Conte.

Les hôpitaux de Lombardie surchargés
Interrogé par le quotidien Il Corriere della Sera ce lundi, le docteur Christian Salaroli, anesthésiste-réanimateur à l’hôpital Jean-XXIII de Bergame, a en effet révélé que les médecins pratiquant dans les hôpitaux de Lombardie, qui concentrent la majorité des cas de contamination au virus, doivent désormais choisir qui soigner « en fonction de l’âge et de l’état de santé, comme dans les situations de guerre », faute de moyens.
Selon le praticien, les patients atteints d’une pneumonie virale et/ou en insuffisance respiratoire aiguë sont d’abord placés sous ventilation non invasive (VNI), à l’aide d’un masque à oxygène.
« C’est une première étape, mais après quelques jours nous sommes obligés de choisir. Comme il y a malheureusement une disproportion entre les ressources hospitalières, les lits en réanimation et les malades en stade critique, tout le monde ne peut pas être intubé », confie le médecin.
« On décide alors en fonction de l’âge et l’état de santé, poursuit-il. Si une personne qui a entre 80 et 95 ans présente une grave insuffisance respiratoire, il est vraisemblable qu’on ne poursuivra pas. Si elle a une insuffisance multi-organique, de plus de deux ou trois organes vitaux, cela signifie que son taux de mortalité est de 100 %. C’est perdu ».
« Décider du sort d’un être humain »
Le médecin n’est pas le seul a déplorer la situation. La plupart de ses confrères, explique-t-il, se sentent complètement « écrasés » par la situation. « Il se peut qu’un chef de service ou un jeune médecin à peine arrivé doive, au petit matin, décider du sort d’un être humain », explique-t-il.
Le praticien a également jugé la mise en quarantaine ce dimanche des habitants de Lombardie et des provinces de Veneto, d’Emilia Romagna et du Piemonte trop tardive. « Ce qui compte à présent, c’est de rester chez soi. Je ne cesse de le répéter. Je vois trop de gens dans la rue, vous n’avez pas idée de ce qui est en train de se produire ».
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