Coronavirus : comment la Chine s’est arrangĂ©e pour garantir le lancement de sa mission sur Mars

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Crédits : Pixabay

Tout comme la NASA, la Chine prévoit de lancer une mission sur Mars dès cet été. Pour assurer son lancement en pleine pandémie de coronavirus, il a donc fallu se montrer créatif.

On Ă©voque souvent la mission Mars 2020, de la NASA, qui prĂ©voit le dĂ©ploiement d’un nouveau rover sur la planète rouge dès l’annĂ©e prochaine. Pour assurer son lancement, l’agence amĂ©ricaine profitera d’une fenĂŞtre d’ouverture, entre le 25 juillet et le 13 aoĂ»t prochain, qui permettra de rejoindre Mars en un temps raisonnable (et donc d’Ă©conomiser beaucoup de carburant). Étant donnĂ© qu’il s’Ă©coule 26 mois entre deux configurations favorables, la NASA n’est pas la seule agence Ă  vouloir exploiter cette opportunitĂ©.

En effet, l’Administration spatiale nationale chinoise est Ă©galement sur le coup avec la mission Huoxing 1, qui impliquera l’envoie d’un orbiteur, d’un atterrisseur et d’un rover Ă©quipĂ© de plusieurs instruments scientifiques. Le principal objectif de ce projet sera d’Ă©tudier la gĂ©ologie martienne, et notamment la distribution de la glace d’eau dans les sous-sols.

Pour se faire, deux sites d’atterrissage sont privilĂ©giĂ©s : Chryse Planitia, et Isidis Planitia (une rĂ©gion qui sera Ă©galement frĂ©quentĂ©e par la mission amĂ©ricaine). Ces deux environnements prĂ©sentent en effet l’avantage de se positionner Ă  des altitudes basses (de quoi maximiser les chances de freinage lors de l’atterrissage), et par une absence de reliefs et d’obstacles favorables Ă  l’Ă©volution du rover.

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Carte topographique d’Isidis Planitia. CrĂ©dits : Martin Pauer

Un contexte particulier

Ceci Ă©tant dit, la Chine, qui semble aujourd’hui se relever de l’Ă©pidĂ©mie de Covid-19, n’a tout de mĂŞme pas Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©e par l’Ă©pisode sanitaire qui touche aujourd’hui une grande partie du monde. Des provinces entières ont en effet Ă©tĂ© « bouclĂ©es » pendant plusieurs semaines dans le but de limiter les dĂ©placements humains qui, on le sait, favorisent la propagation des virus.

Dans ce contexte, il n’aurait donc pas Ă©tĂ© surprenant que les prĂ©paratifs de la mission Huoxing 1 aient Ă©tĂ© ralentis. NĂ©anmoins, et si les chercheurs impliquĂ©s restent globalement muets sur la question, plusieurs rapports de mĂ©dias d’État ont dĂ©clarĂ© que cette crise n’affectera pas le futur lancement prĂ©vu cet Ă©tĂ©.

Les enjeux politiques, au-delĂ  des enjeux scientifiques, sont en effet trop importants. On rappelle que le centenaire de la fondation du Parti communiste chinois sera fĂŞtĂ© en 2021 et, si tout se passe comme prĂ©vu, la mission Huoxing 1 devrait se poser sur Mars la mĂŞme annĂ©e. Selon Wang Chi, directeur gĂ©nĂ©ral du Centre national des sciences spatiales (NSSC) Ă  PĂ©kin, un atterrissage rĂ©ussi serait alors considĂ©rĂ© par le pouvoir chinois comme « un beau cadeau d’anniversaire« .

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La mission Huoxinv 1 doit ĂŞtre lancĂ©e au cours de l’Ă©tĂ© 2020 par la fusĂ©e lourde chinoise Long March 5. CrĂ©dits : Administration spatiale nationale chinoise

S’adapter Ă  la situation sanitaire

Pour assurer le bon dĂ©roulement de la mission, l’agence spatiale chinoise a donc dĂ» se donner les moyens de poursuivre les prĂ©paratifs.

Il y a quelques jours, par exemple, plusieurs charges utiles devaient ĂŞtre dĂ©placĂ©es de PĂ©kin Ă  Shanghai, oĂą elles seront assemblĂ©es. Au dĂ©part ce transfert devait se faire par avion, mais pour Ă©viter que les membres de l’Ă©quipe soient infectĂ©s, il a finalement Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© de transporter les instruments directement en voiture. Trois personnes ont ainsi conduit pendant plus de 12 heures avec, dans le coffre, des Ă©quipements hors de prix.

Pour limiter les contacts physiques entre employĂ©s, le NSSC a Ă©galement mis en place « une politique de travail flexible qui permet aux chercheurs et aux ingĂ©nieurs de n’entrer au bureau que le matin ou l’après-midi« , peut-on lire dans la revue Nature. Les scientifiques qui le peuvent, de leur cĂ´tĂ©, ont Ă©tĂ© invitĂ©s Ă  travailler depuis leur domicile.

Pour effectuer certains tests essentiels, certains chercheurs ont Ă©galement eu la possibilitĂ© d’intĂ©grer le National Space Science Center sans avoir Ă  se mettre en quarantaine pendant les deux semaines requises. « Parce qu’il s’agit d’un grand projet national, le bureau du gouvernement local nous donne gĂ©nĂ©ralement son feu vert« , poursuit Wang Chi.

Par ailleurs, et pour garantir la bonne communication entre les services (environ 70 scientifiques rĂ©partis en 20 Ă©quipes), toutes les Ă©valuations techniques ont Ă©tĂ© effectuĂ©es par le biais de rĂ©unions virtuelles. Enfin, il semblerait qu’aucun invitĂ© ne sera autorisĂ© Ă  assister au lancement prĂ©vu en juillet.

Sauf Ă©vĂ©nement exceptionnel, il semblerait donc que l’Administration spatiale nationale chinoise pourra assurer le dĂ©ploiement de cette mission très attendue. Ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde.

On rappelle en effet que l’ESA et l’agence russe Roscosmos devaient elles aussi profiter de la fenêtre de lancement ouverte cette année pour lancer une mission conjointe sur la planète rouge, baptisée ExoMars 2020. Malheureusement, elle vient d’être reportée pour des raisons techniques (exacerbées par la situation sanitaire).

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