Corée du Nord : l’explosion nucléaire récente est-elle un exploit ?

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Il y a quelques jours, la Corée du Nord a effectué un essai nucléaire dont l’explosion a été dix fois plus intense que lors des précédents essais. Il s’agit peut-être ici du signe d’une menace plus sérieuse.

Le 3 septembre 2017, une secousse sismique de magnitude 6,3 sur l’échelle de Richter a été enregistrée en Corée du Nord après un essai souterrain de bombe atomique. Il s’agissait du sixième essai nucléaire nord-coréen et selon l’agence géologique norvégienne NORSAR, celui-ci a été similaire à une explosion de 120 000 tonnes de TNT. Le fait est que cette explosion a été dix fois plus puissante que lors des essais effectués par le passé.

Il s’agit d’une performance alimentant la peur d’une menace accrue de la Corée du Nord. En effet, si la bombe atomique classique (bombe A) ne nécessite pas de gros moyens, ce n’est absolument pas le cas de la bombe H. Comme l’indique Science & Vie, « il n’est pas question ici de réaliser la “banale” réaction de fission de nos centrales nucléaires, mais de déclencher la fusion des noyaux telle qu’elle a lieu au sein des étoiles. »

Cette réaction très violente ne peut se produire que lorsque certaines conditions sont réunies. Il s’agit de faire exploser une bombe A à proximité d’un dispositif contenant les isotopes de l’hydrogène que sont le deutérium et/ou le tritium. Les noyaux de ces isotopes fusionnent ensuite et libèrent une quantité astronomique d’énergie thermique. Le processus est relativement simple, mais doit être mené avec un timing optimal et l’ogive nucléaire doit avoir une architecture symétrique.

Quoi qu’il en soit, après l’explosion de dimanche, les experts américains sont désormais certains que l’armée nord-coréenne est capable de stocker et manipuler du deutérium et/ou du tritium sous forme solide. Cependant, l’intensité de l’explosion est à relativiser selon certains experts tels que Crispin Rovere, un spécialiste de la politique nucléaire vivant en Australie :

« Les données sismologiques suggèrent que l’explosion a été considérablement moins forte que celle qu’on attendrait d’un essai de bombe H »,
indique l’expert avant d’ajouter qu’« à première vue, il semblerait qu’ils aient mené un essai nucléaire réussi, mais ils n’ont pas réussi à mener à bien la deuxième étape : celle de l’explosion d’hydrogène. »

Cet avis est partagé par d’autres spécialistes qui estiment que l’explosion d’une bombe H aurait généré une secousse bien plus importante. Cependant, la volonté de faire exploser une telle bombe semblait effectivement dans les plans de l’armée nord-coréenne.

Sources : Science & VieL’Obs