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En Corée du Sud, les citoyens font des stocks de sel. Pourquoi ?

Crédits : Liudmila Chernetska / iStock

La catastrophe de Fukushima de 2011 a encore des rĂ©percussions sur le monde aujourd’hui, soit plus d’une dizaine d’annĂ©es après. Depuis peu, les citoyens de CorĂ©e du Sud se ruent par exemple sur les rĂ©serves de sel de table en raison d’une hausse importante des prix. Comment cela se fait-il ?

Une frĂ©nĂ©sie d’achat de sel de table

En avril 2023, la sociĂ©tĂ© Tepco en charge de la centrale nuclĂ©aire de Fukushima (Japon) avait dĂ©voilĂ© de nouvelles images. Celles-ci ont Ă©tĂ© filmĂ©es par un robot Ă  l’intĂ©rieur d’un des rĂ©acteurs. L’objectif ? Observer des dommages importants dans les fondations ainsi que la prĂ©sence d’une importante quantitĂ© de dĂ©bris radioactifs. Or, cela n’est pas sans consĂ©quence.

Dans un article publiĂ© le 4 juin 2023, le quotidien britannique The Independent Ă©voque notamment un phĂ©nomène très particulier qui se produit actuellement en CorĂ©e du Sud. Les citoyens locaux sont en train de faire des rĂ©serves de sel de table, une frĂ©nĂ©sie d’achats comparable Ă  celle concernant notamment le papier toilette en Europe au dĂ©but de la pandĂ©mie de Covid-19 en 2020. Il s’avère que les Sud-CorĂ©ens ont peur que leur sel de table soit contaminĂ© par des Ă©lĂ©ments toxiques. Il faut dire qu’en 2022, le gouvernement japonais avait annoncĂ© l’Ă©vacuation dans la mer de plus d’un million de tonnes d’eau utilisĂ©e pour refroidir les rĂ©acteurs endommagĂ©s en 2011. Toutefois, aucune date n’a pour l’heure Ă©tĂ© dĂ©voilĂ©e.

centrale nucléaire Fukushima
La centrale nucléaire de Fukushima. Crédits : IAEA Imagebank / Flickr

La population peine Ă  se rassurer

Entre avril et juin 2023, le prix du sel de table a augmentĂ© de 27 % en CorĂ©e du Sud. CĂ´tĂ© japonais, la volontĂ© de rassurer ne semble pas rĂ©ellement faire effet. Les experts ont pourtant dĂ©clarĂ© que l’eau en question Ă©tait propre Ă  la consommation, et ce, malgrĂ© des traces de tritium, un isotope radioactif de l’hydrogène, qu’il est difficile de sĂ©parer de l’eau. Les autoritĂ©s sud-corĂ©ennes se veulent aussi rassurantes. Elles ont pour cela affirmĂ© avoir l’intention d’Ă©tablir une surveillance accrue au niveau des fermes salines. Citons Ă©galement le maintien de l’interdiction de l’importation de fruits de mer provenant de la zone autour de Fukushima.

MalgrĂ© cela, la panique autour du sel de table se poursuit. La CorĂ©e du Sud puise dans ses stocks afin de libĂ©rer et mettre en vente pas moins de cinquante tonnes de sel par jour avec une rĂ©duction de 20 % des prix pour combler la hausse rĂ©cente. Par ailleurs, la frĂ©nĂ©sie est assez incroyable puisque certaines personnes sont capables d’acheter plusieurs kilogrammes de sel. Les craintes de la hausse des prix s’accompagnent Ă©videmment d’interrogations portant sur la santĂ©.

L’institut Research View en CorĂ©e du Sud a rĂ©alisĂ© un sondage et selon les rĂ©sultats, 85 % des citoyens s’opposent au projet japonais et 70 % prĂ©voient de consommer moins de fruits de mer si l’eau finit rĂ©ellement sa course dans la mer. En Chine, le gouvernement n’est pas satisfait et condamne la future action d’un Japon qui manquerait de transparence. Selon PĂ©kin, le relĂ¢chement de l’eau contaminĂ©e ferait planer une menace pour la faune sous-marine et poserait des questions de santĂ© publique Ă  l’échelle mondiale.